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États-Unis : La discrimination par l’âge en procès chez IBM

L’actualité | Internationale | publié le : 14.03.2022 | Caroline Crosdale

Au cours des dix dernières années, le groupe IBM s’est débarrassé en masse de ses cadres seniors… d’une manière bien peu élégante. C’est ce que révèlent les documents internes sur lesquels s’appuie une poursuite judiciaire pour discrimination par l’âge, défendue par l’avocate Shannon Liss-Riordan. Celle-ci représente plusieurs centaines d’anciens « IBMers », qui ont fait partie d’une vague de départs de 20 000 personnes de plus de 40 ans en cinq ans. Et elle espère bien que sa plainte obtiendra le statut de « class action », autrement dit, elle vise une plainte collective, à laquelle tous les partants malgré eux pourraient se joindre.

Les mails internes que le New York Times a pu consulter en vertu du Premier amendement parlent des IBMers seniors comme de « dino babies » – des bébés dinosaures – « une espèce en voie d’extinction » qu’il faut rapidement remplacer par de jeunes et brillants « professionnels débutants »… « Les cadres supérieurs d’IBM complotaient ouvertement pour éliminer les employés plus âgés et les remplacer par des jeunes », accuse Shannon Liss-Riordan, spécialisée en droit du travail et qui a déjà représenté des professionnels d’Uber, de Fedex et de Starbucks.

Dans les années 1960-1970, IBM avait la réputation d’être un très bon employeur. C’était une entreprise high-tech qui prenait soin des siens et l’on pouvait y faire toute sa carrière. Une politique qui a totalement disparu dans les années 2000 avec l’arrivée d’une nouvelle dirigeante, Ginni Rometty. Inquiète de la montée en puissance des géants Google, Facebook et Amazon, elle a décidé de concentrer toute l’énergie du groupe sur une poignée de secteurs clés : le cloud, l’analyse de big data, le mobile, la sécurité et les médias sociaux. Pour réussir son pari, elle a misé sur les millennials, des « digital natives » aux exigences salariales moindres… Mais pour embaucher ces jeunes talents prometteurs, il fallait faire partir les anciens… ce qui est contraire à la loi. Les mails aux mains de la justice montrent comment les cadres supérieurs d’IBM ont essayé de contourner l’obstacle. D’abord, les jeunes ont été d’office éliminés des plans de licenciements massifs. Ensuite, on a proposé aux « dinosaures » de déménager pour garder leur emploi, en espérant qu’ils refuseraient. Certains salariés expérimentés ont cru passer au travers en postulant à d’autres postes en interne. Mais là encore, les managers ne pouvaient offrir ces postes aux anciens sans l’accord du siège. Aujourd’hui, les porte-parole d’IBM nient farouchement toute mauvaise intention. Sans convaincre…

Auteur

  • Caroline Crosdale