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Jean Pralong ; Alexandre Stourbe : L’expertise du Lab RH

Chronique | publié le : 14.03.2022 | Jean Pralong, Alexandre Stourbe

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Jean Pralong ; Alexandre Stourbe : L’expertise du Lab RH

Crédit photo Jean Pralong, Alexandre Stourbe

L’emploi, une question de quantité mais aussi de qualité

Tous les Français, y compris ceux qui ne s’intéressent pas à l’économie, connaissent au moins un indicateur : c’est le taux de chômage dans la population active. La simplicité et la notoriété de ce taux ne sont pas sans effets sur la compréhension de l’emploi par les Français. Ce simple pourcentage escamote en effet la complexité de l’emploi et l’assimile à un stock de chômeurs à réduire. Il nourrit aussi une opposition binaire entre les « en emploi » et les « hors emploi ».

Or la catégorie « en emploi » est, par construction, hétérogène. Les salariés, les artisans, les professions libérales sont tous « en emploi », mais selon des modalités, des contraintes et des risques différents. La création de nouveaux types de contrats de travail et de nouvelles alternatives au salariat a renforcé cette hétérogénéité. Les free-lances, les intérimaires, les salariés en alternance, entre autres, sont « en emploi » au même titre que les salariés en CDI.

Décrire les actifs, c’est analyser cette hétérogénéité et ses conséquences sur l’employabilité des individus. Pour cela, il faut compléter l’analyse : au-delà de la quantité de personnes « en emploi », c’est aussi la qualité de ces emplois qui importe. La qualité d’un emploi est une combinaison de plusieurs caractéristiques : la sécurité socio-économique, les qualifications et les formations nécessaires, les conditions de travail, l’égalité entre hommes et femmes et la capacité à concilier travail et vie de famille. La qualité d’une carrière décrit le cumul des qualités des emplois occupés par un individu tout au long de son parcours.

Le détour par la qualité des emplois ou des carrières permet une quantification plus fine des réalités variées des personnes en emploi. Elle permet des études et des comparaisons à plusieurs niveaux : individus, catégories professionnelles, employeurs ou bassins d’emploi, par exemple. Parmi les applications, la possibilité de montrer que les différences de précarité ne sont pas toujours là où les stéréotypes les situent. À l’échelle de l’entreprise, la qualité d’emploi permet d’outiller les actions de RSE et de QVT. Elle permet d’identifier finement les groupes à surveiller et les actions prioritaires à mener.

Enfin, l’idée de qualité marque une rupture avec les analyses classiques. Mesurer un taux d’emploi, c’est recenser des situations administratives : c’est une affaire des données et de méthode. Mesurer une qualité d’emploi, c’est mesurer l’écart entre l’existant et un idéal. Cette qualité d’emploi idéale est autant morale que pragmatique. Elle exprime la place, les limites, les conséquences et les bénéfices que se donne, consciemment, une société.

Auteur

  • Jean Pralong, Alexandre Stourbe