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Carrières : Ce que veulent les femmes

Tendances | publié le : 07.03.2022 | Natasha Laporte

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Carrières : Ce que veulent les femmes

Crédit photo Natasha Laporte

À l’heure où la crise sanitaire bouscule l’organisation du travail, coup de projecteur sur plusieurs phénomènes qui marquent les carrières des professionnelles.

F : Flexibilité

Des atouts mais…

Certaines l’ont inscrite dans leur culture, à l’instar de Pandacraft. La jeune pousse, spécialisée dans les contenus éducatifs, offre des solutions flexibles à ses collaboratrices et collaborateurs afin de mieux concilier vie professionnelle et personnelle : allongement du congé parental, télétravail illimité et possibilité de dépasser le nombre de jours de congés payés – tant que les objectifs sont remplis, bien sûr. D’autres entreprises ont emboîté le pas. Mais l’avènement du flexwork, souvent cité comme un levier pour retenir les talents féminins et les faire grandir en entreprise, n’est pas sans écueils : à en croire une étude sur le télétravail de la Dares, publiée en février, les télétravailleuses seraient plus nombreuses que les télétravailleurs à subir une augmentation de la pression, à devoir penser à trop de choses à la fois et à éprouver, précisément, des difficultés pour concilier vie professionnelle et vie personnelle…

E : Entreprendre

Une ambition renforcée

Si la crise sanitaire a pesé sur les trajectoires professionnelles des femmes, elle aurait aussi renforcé leur envie d’entreprendre. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier baromètre sur l’entrepreneuriat féminin, publié l’an dernier, que la maison Veuve Cliquot a mené à travers 17 pays. En France, parmi les femmes interrogées, 38 % déclarent aspirer à l’entrepreneuriat, soit une hausse de 10 points par rapport au précédent sondage, en 2018, et plus de la moitié des entrepreneures se sentent même plus confiantes et déterminées qu’avant la crise.

Reste que le parcours des créatrices d’entreprise n’est pas de tout repos. Ainsi, selon le baromètre, parmi celles qui estimaient que la crise affecterait négativement leur projet, 69 % redoutaient une diminution des fonds pouvant leur être alloués par des investisseurs. Autre barrière, les difficultés, là encore, à concilier vie professionnelle et personnelle. Dans un rapport consacré à l’entrepreneuriat féminin, publié l’an dernier, le Crédoc estimait en effet que « contrairement aux idées répandues, la situation d’indépendantes ne permet pas une meilleure conciliation vie privée-professionnelle, ni d’accéder à des rémunérations similaires à leurs homologues masculins, ni à une plus grande palette des secteurs. »

M : Métiers

Une ségrégation persistante

C’est un constat sans appel : sur les 87 familles professionnelles recensées en France, seules 18 peuvent être qualifiées de mixtes, autrement dit, présentant une répartition entre les hommes et les femmes à peu près équilibrée, selon le rapport ministériel « Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », publié en novembre 2020. En outre, les femmes investissent moins de professions que les hommes : 24 métiers sont à prédominance féminine, alors que 45 sont à prédominance masculine. Une ségrégation des métiers encore bien présente, donc, sur le marché du travail, malgré des avancées. Et un phénomène qui se reflète également dans certains secteurs d’avenir tels que la tech, où un tiers seulement des postes sont occupés par des femmes et où 11 % des experts de la cybersécurité sont des expertes. Mais des initiatives se multiplient pour tenter de changer la donne, à l’instar de celle lancée par le groupe d’intérim Synergie, qui ambitionne d’encourager la mixité, notamment dans l’industrie, le transport, le BTP, le numérique, la logistique, à travers un programme récent, Parcours Switch, qui vise à faire découvrir à des femmes des métiers dits masculins, déconstruire les stéréotypes et former les candidates intéressées aux métiers de conductrices, de techniciennes en aéronautique et bien d’autres encore peu féminisés.

M : Ménopause

Du tabou à la prise de conscience

Le sujet est sur la table au Royaume-Uni : la ménopause – qui concerne les femmes âgées de 45 à 55 ans et s’accompagne de symptômes tels que des bouffées de chaleur, de la fatigue ou des problèmes de mémoire ou de concentration – n’est pas sans impact sur leur vie professionnelle. Selon une enquête menée par l’assureur Bupa et l’institut CIPD (Chartered Institute of Personnel and Development), près d’un million de femmes au Royaume-Uni ont quitté leur travail en raison de ces symptômes – juste au moment où elles ont engrangé assez d’expérience professionnelle pour prétendre à des postes à responsabilité –, s’inquiétait récemment une commission parlementaire britannique lancée en juillet dernier pour explorer les initiatives que l’État et les organisations pourraient lancer afin de mieux soutenir les femmes en ménopause. Certaines entreprises, d’ailleurs, comme la chaîne de télévision Channel 4, ont d’ores et déjà pris des mesures, telles que des horaires flexibles, de même qu’un espace au bureau calme et frais. En France, la ménopause au travail reste encore largement taboue. L’assureur Alan a publié l’an dernier un sondage, en partenariat avec Harris, d’après lequel 10 % des femmes interrogées se déclarent freinées dans leur ambition professionnelle en raison de la ménopause.

E : Ergonomie

À repenser

En mars 2019, la Nasa annulait un vol dont l’équipage était composé entièrement de femmes pour cause de manque de… combinaisons spatiales à leur taille ! Exemple que « les postes de travail, les méthodes de formation et les équipements sont généralement conçus en fonction des capacités, des dimensions et des forces propres au corps masculin », affirme l’ergonome et généticienne Karen Messing, professeure émérite du département des sciences biologiques de l’université du Québec à Montréal. Auteure de l’ouvrage Le deuxième corps, cette féministe a notamment mené des recherches sur le terrain lui permettant de conclure à l’existence de différences claires dans les tâches attribuées aux femmes et aux hommes, même sur des postes similaires, avec une incidence sur la santé des femmes au travail. En particulier, les femmes afficheraient un taux plus élevé que les hommes de troubles musculo-squelettiques liés au fait d’accomplir des tâches manuelles répétitives, en usine, notamment. Autant de sujets complexes, empreints de paradoxes : ainsi, selon Karen Messing, le fait de mettre l’accent sur les différences biologiques peut contribuer à renforcer les stéréotypes. Elle reste néanmoins convaincue de la nécessité de « repenser le travail de manière à tirer profit de la diversité humaine ».

Auteur

  • Natasha Laporte