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Parité et égalité : conviction, constance et cohérence

Chroniques | publié le : 07.03.2022 |

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Parité et égalité : conviction, constance et cohérence

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Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Depuis de nombreuses années, le combat pour l’égalité femmes/hommes, la parité et la mixité avance. Pour certains, trop lentement, pour d’autres, avec des outils trop contraignants ou pas assez efficaces. Néanmoins, il avance et peu à peu se gagne. Il reste encore beaucoup à faire et, comme tout enjeu de société, le plus difficile est sans doute d’en accepter le tempo. Et quoi qu’on en dise, c’est d’abord un enjeu culturel qui ne pourra se transformer qu’en évitant les excès, les condamnations et les dénonciations. Pourtant, la crise Covid-19 a démontré que ce chemin était encore long et il suffit pour cela d’avoir en tête cette statistique terrible qui montre que les femmes ont plus souffert du télétravail que les hommes. Ce n’était pourtant pas un défaut d’égalité d’accès aux droits, mais une organisation sociale qui continue de peser et de déséquilibrer.

Il est particulièrement choquant de constater qu’encore aujourd’hui, cette inégalité dans la société continue de se retrouver parfois dans l’entreprise, qui a pourtant tous les moyens de l’éviter. Ce ne sont pas les différentes mesures de sanctions, de contrôle et de comptabilisation qui viendront durablement modifier la donne. Ce sont deux phénomènes complémentaires : la conviction que cette inégalité n’a aucune justification professionnelle, culturelle ou sociale et la constance dans les politiques. Les entreprises les plus vertueuses sur ce sujet ont un point commun : la constance du combat mené parfois depuis plus de vingt ans. Elles n’ont pas attendu les différentes lois pour s’engager résolument dans ce combat pour l’égalité, la parité et la mixité. C’est souvent le fait de convictions ancrées des dirigeants qui, indépendamment des contraintes législatives, ont fait le choix de mettre fin à une situation d’exclusion, non en sanctionnant mais en incluant. Elles en ont fait un élément de leur culture interne et obtenu avec le temps que la question finalement ne se pose même plus. C’est leur volontarisme qui a fait gagner le combat durablement.

Certes, la mise en place de quotas et l’exemplarité imposée au monde politique par la parité des candidatures ou celle des conseils d’administration ont permis d’accélérer le mouvement au sein d’organisations qui ne s’en saisissaient pas naturellement. L’index égalité mis en place par Muriel Pénicaud a conduit chaque entreprise réticente – ou inconsciente du caractère inacceptable de l’inégalité constatée – à en faire un sujet stratégique, ne serait-ce qu’avec la crainte de la réputation. Enfin, la récente loi Rixain crée le mouvement dans les comex, avec néanmoins une complexité particulière, puisque les dirigeants ne répondent pas comme dans les autres cas à un mandat limité dans le temps.

Attention à ne pas caricaturer l’intention en substituant à une inégalité injustifiée une iniquité d’accès injustifiable.

Éviter cet écueil est central car l’exigence de l’égalité, de l’inclusion, du respect des différences et des parcours, donc de l’équité de traitement, est d’abord une affaire d’humanité et de valeurs. À l’heure où chacun s’accorde à reconnaître que l’entreprise ne peut plus avoir comme seule raison d’exister le profit et doit plus que jamais prendre toute sa part dans les combats sociétaux et environnementaux, il semble évident que le combat pour l’égalité fait partie de la responsabilité profonde de l’entreprise. Ce n’est pas un gadget ni un effet de mode, c’est une évidence.

Malgré tous ces efforts, nous n’y sommes pas encore vraiment, mais heureusement, nous y serons bientôt grâce à la génération qui monte. Pour elle, diversité, inclusion, égalité, parité, mixité constituent un seul et même enjeu : celui de la solidarité et de l’unité, car la logique de la distinction leur est étrangère.

C’est pour servir cette vision holistique qu’il faudrait arrêter de raisonner par domaine, pour enfin avoir une approche inclusive de l’inclusion et engager tous les acteurs sociaux et économiques à avoir des politiques inclusives larges car il y a une réalité dont il faut tenir compte. Selon les activités, les typologies et les tailles d’entreprise, certains combats sont plus difficiles à mener du fait de leurs différences. Promouvoir une approche intégrée de tous les combats de la diversité et de l’égalité permettrait à chacune de prendre un engagement cohérent avec ses possibilités. L’addition de ces politiques unira enfin dans une même logique la conviction, la constance, la volonté et… la réalité !