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Bonnes pratiques

Formation : Bureau Veritas France crée des passerelles vers des métiers dits « masculins »

Bonnes pratiques | publié le : 07.03.2022 | Lys Zohin

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Formation : Bureau Veritas France crée des passerelles vers des métiers dits « masculins »

Crédit photo Lys Zohin

La société a lancé l’an dernier deux formations, de préventrice et de diagnostiqueuse. Une façon de changer la donne entre des métiers très féminisés et d’autres, très masculins – et d’offrir des évolutions de carrières aux femmes.

Elle a troqué l’ordinateur et le bureau contre le casque et les bottes de chantier… Alice Chiteboun est désormais diagnostiqueuse pour Bureau Veritas, une société spécialisée dans les essais, les inspections et la certification. Parmi les 8 000 salariés en France (et 80 000 dans le monde), « nous avions d’un côté des métiers administratifs occupés à 85 % par des femmes, et de l’autre, des métiers techniques occupés à 85 % par des hommes », relève Frédéric Bouckenhove, le DRH. Il veut changer cela et lance, à titre expérimental, dès 2021, deux programmes de formation de plusieurs mois en direction des femmes, l’une consacrée à la prévention, l’autre, au diagnostic. Et propose 14 places pour devenir préventrices et 10 pour des diagnostiqueuses.

Afin de susciter des candidatures, la société communique auprès des salariées, « mais nous ne voulions pas faire de ciblage, les souhaits devaient apparaître », dit-il. Ils se sont matérialisés, mais à des niveaux moins élevés que prévu, puisque seules six femmes ont été formées en tant que préventrices et cinq en qualité de diagnostiqueuses. « Cela s’explique aussi par le fait que nombre de femmes, dans les métiers administratifs, sont souvent en milieu ou en fin de carrière », avance-t-il.

Sur le terrain

Alice Chiteboun est une exception. À 25 ans, après un bac + 2 et un contrat en alternance qui s’est transformé en CDI, elle travaillait depuis six ans comme chargée de relation client, dans les équipes administratives. Et elle s’est tout de suite positionnée pour une formation. « Parmi mes tâches, j’avais la planification des inspections sur les sites, explique-t-elle, et j’étais très intéressée par le terrain et l’architecture. Je demandais tous les ans une formation, mais jusqu’à l’an dernier, ce n’était pas possible. » Après la sélection de son dossier de candidature et deux journées de découverte, l’une pour le diagnostic et l’autre pour la prévention, elle choisit le diagnostic. « Je faisais déjà partie de cette unité, je connaissais les diagnostiqueurs et cela m’a semblé plus facile pour mon intégration », explique-t-elle. Elle suit la formation et passe, avec succès, les six examens en fin de parcours et obtient la certification. « C’est un investissement et j’ai beaucoup travaillé, mais je suis très satisfaite : je suis en poste depuis six mois, j’ai ma voiture, je suis autonome, je rencontre des clients sur le terrain et je découvre des nouveautés tous les jours ! », s’exclame la jeune femme. Elle cherche même à faire des adeptes, en parlant de son expérience à ses anciennes collègues ou aux nouvelles, puisque chez Bureau Veritas, ce sont 1 500 postes qui sont ouverts chaque année, « même si nous sommes contraints, en ce qui concerne les embauches féminines directes, par le manque d’étudiantes dans les formations techniques », précise toutefois Frédéric Bouckenhove.

Au-delà d’un salaire plus élevé, « passer de l’administratif, où les parcours sont limités pour évoluer, au technique, qui offre des possibilités beaucoup plus larges, permet d’avoir une autre perspective en matière de carrière », ajoute-t-il. Sans compter que cela dynamise la marque employeur et l’attractivité de Bureau Veritas, améliore la rétention de même que l’engagement des salariés. « Nous notons en effet que plus les équipes sont féminisées, plus cela attire des talents, et qu’un collectif mixte offre un meilleur modèle de management et un quotidien moins conflictuel, ce qui accroît également l’engagement », enchaîne-t-il.

Métiers de demain

Au point que le DRH veut renouveler l’expérience, et même l’amplifier. « Nous voulions dans un premier temps identifier le potentiel et l’intérêt des salariées avec notre projet pilote. C’est fait. Nous allons désormais communiquer de façon plus proactive, nous appuyer davantage sur les entretiens RH et les demandes de formation pour repérer des candidates potentielles, dupliquer les formations et les étendre à d’autres de nos filières, dont le nucléaire ou l’éolien, qui comporte, notamment avec la mise en œuvre de nouvelles EPR, nombre de métiers de demain », détaille-t-il. Et ce sont, selon lui, quelque 700 femmes dans l’entreprise qui pourraient être concernées. Alice Chiteboun, en tout cas, ne veut pas en rester là. Alors que son bac + 2 initial ne lui permettait pas d’envisager une forte évolution de carrière, « ma nouvelle spécialité technique me le permet et cela a accru mon ambition professionnelle », dit-elle.

Auteur

  • Lys Zohin