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Sur le terrain

Recrutement : Entrez chez Maki sans CV ni lettre de motivation

Sur le terrain | publié le : 14.02.2022 | Lucie Tanneau

Créatrice d’un logiciel RH de recrutement, la société Maki vient elle-même de décider de se passer de CV et de lettre de motivation pour embaucher ses futurs collaborateurs. Fondée sur des candidatures anonymisées, cette nouvelle pratique vise à éviter les biais.

« Avant, je faisais mal les choses… », reconnaît Maxime Legardez Coquin, le cofondateur de Maki, en parlant du recrutement. « Chez mes anciens employeurs, pour recruter, je regardais les CV, les noms de famille que j’aimais bien, l’école qu’avait faite le candidat pour me rassurer, le sport inscrit qui, si je l’avais moi aussi pratiqué, m’attirait… J’ai fait beaucoup d’erreurs qui m’ont coûté cher », résume-t-il. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à créer Maki l’an dernier, pour proposer à ses clients de nouveaux standards de recrutement « afin de créer un monde de l’emploi plus objectif », dit-il. La société, qui a réalisé une levée de fonds de 6 millions d’euros, compte aujourd’hui 22 collaborateurs et espère recruter 50 personnes cette année dans tous les secteurs (tech, commercial, marketing, opérationnel, customer care…). Avec un parcours de recrutement sans CV ni lettre de motivation, qui s’appuie sur les compétences des candidats et évite les biais. Quatre personnes ont déjà été recrutées de cette manière.

Premiers tests

Ses offres d’emploi sont diffusées sur les réseaux, notamment LinkedIn, et par l’intermédiaire de Welcome to the jungle ou de jobboards, selon les métiers, qui renvoient vers une plateforme d’évaluation lancée en novembre dernier. Cet outil d’évaluation des compétences en ligne a été construit à partir de « 100 feedbacks d’entreprises du CAC40 et de recherches scientifiques », précise le dirigeant. Les candidats, anonymisés, répondent d’abord pendant 20 minutes à une première série de questions qui comprend « un test de personnalité pour avoir une dimension de la personne et sa capacité à travailler en équipe et un test de compétences métier fait par Brendan McGeever, un ancien de Google », précise Maxime Legardez Coquin. Suivent un test d’anglais à l’écrit et un test vidéo de trois à cinq minutes. « Pour un commercial, par exemple, il s’agira de pitcher Maki devant un client », détaille-t-il. La plateforme filtre ensuite les candidats à partir des résultats du test de hard skills et d’anglais puis en sélectionne dix. « On regarde alors la mise en situation de ces candidats retenus », poursuit le PDG de Maki. Jusqu’à ce stade, l’identité du candidat reste cachée « afin d’éviter les liens subjectifs et les “effets alumni” de type HEC, explique-t-il. On en choisit ensuite trois avec qui l’on va passer du temps. »

Avantages

Le parcours de recrutement se fait alors plus classique, avec un entretien en distanciel sur les soft skills, puis deux entretiens de 45 minutes avec des managers, sur le métier. Ensuite, c’est au tour du candidat de choisir un à trois entretiens avec des membres de l’équipe, « plus axés sur les valeurs, la culture, le fit », dit-il.

Maki ne donne pas de délai de réponse aux candidats, mais des postes de commerciaux seront ouverts en continu et la société souhaite envoyer des retours, y compris à ceux qui ne seront pas sélectionnés.

Pour Maxime Legardez Coquin, ce processus nouveau a trois avantages : il fait gagner du temps aux managers et aux recruteurs, car « il évite le tri de CV et les entretiens de préqualification », souligne-t-il. Il privilégie aussi l’expérience candidat, puisque « le candidat n’attend pas qu’un RH l’appelle, il peut immédiatement déposer sa candidature », relève le dirigeant, pour qui le processus permet, en prime, de renforcer la marque employeur. Enfin, il « objectivise le processus de recrutement, en se fondant sur les compétences », conclut-il. « Notre objectif est vraiment de créer un monde de l’emploi plus juste, plus objectif et moins biaisé et nous commençons par nous », résume ainsi Maxime Legardez Coquin, qui compte déjà 120 clients utilisateurs de sa plateforme.

« Les études scientifiques montrent que la façon dont on recrute en France ne fonctionne plus », ajoute-t-il. Pour lui, se fonder sur les compétences et tenter de supprimer les intermédiaires permettraient d’éviter les biais, le recrutement de clones et les erreurs de casting qui coûtent cher. La plateforme permet aussi de cibler de nouveaux profils. Et puisque les postes seront ouverts chez Maki en 100 % remote, des candidats du monde entier peuvent se positionner… La plateforme leur est accessible à n’importe quelle heure, sans tenir compte des fuseaux horaires ou de la disponibilité des RH et managers.

Auteur

  • Lucie Tanneau