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Bonne pratique : En Pays de la Loire, une plateforme pour tout partager

Le point sur | publié le : 07.02.2022 | Dominique Perez

Sauvegarde de l’emploi, économie circulaire, solidarité… la plateforme Solutions Partage, mise en place à l’occasion de la crise sanitaire, se pérennise comme un outil favorisant l’échange de ressources au sens large.

Octobre 2020 : au plus fort de la crise sanitaire, la question de la sauvegarde de l’emploi se pose dans certains secteurs. Pour les Pays de la Loire, l’aéronautique, un des moteurs régionaux, est source de fortes inquiétudes. En Loire-Atlantique, Airbus et Naval Group mettent en place le prêt de salariés. Après une sélection interne, 62 ingénieurs, techniciens et opérateurs d’Airbus intègrent Naval Group, avec des contrats de 12 à 24 mois.

Qu’elles émanent de petites ou de grandes entreprises, les initiatives d’entraide fleurissent, bientôt stimulées par la région Pays de la Loire, qui décide, dans le cadre du plan de relance, de financer et mettre à disposition gratuitement la plateforme Solutions Partage, une initiative pionnière en France. À l’automne 2020, c’est chose faite. « Elle a été mise en place comme une des réponses aux craintes des employeurs de perdre des salariés, en favorisant le partage de compétences, précise Sylvie Loué, animatrice de la plateforme et cheffe de projets entreprises et territoires à Solutions &Co, l’agence de développement économique de la région. Ils avaient ainsi l’espoir de réintégrer leurs salariés, une fois la crise passée. »

Favoriser l’économie circulaire

Si l’horizon s’est désormais éclairci sur le front de l’emploi, la plateforme initiale a dépassé le stade de l’urgence, pour s’inscrire dans des objectifs plus larges. Aujourd’hui, elle comprend 16 antennes territoriales, dont les collectivités deviennent les animatrices, à travers leurs services de développement économique. Mettre à disposition des compétences ou des matières premières réutilisables, mutualiser des locaux ou des formations : le champ des possibles est large et les initiatives, encadrées juridiquement avec une mise à disposition de modèles de conventions, des conseils et une simplicité d’inscription, également. La période est en effet propice à la réflexion sur le partage des ressources, « pour favoriser le développement durable et l’économie circulaire, précise Sylvie Loué. Cela fonctionne particulièrement sur des territoires qui ont une vraie stratégie dans ce domaine, par exemple Redon Agglomération, engagée dans une démarche de Territoire économe en ressources. »

À l’été 2021, le service de développement économique de l’agglomération de Redon « a sollicité les têtes de réseaux (groupements d’employeurs, chambres consulaires, associations de chefs d’entreprise) pour communiquer sur la mise en place de la plateforme territoriale », explique Basile Talbot, chargé du développement économique. Une trentaine d’entreprises y sont présentes aujourd’hui dans les domaines de l’artisanat, de l’industrie ou des services. Leurs motivations sont de deux ordres, poursuit-il : « Elles souhaitent avant tout développer leur politique RSE, en favorisant l’économie circulaire, ou elles y voient un avantage sous l’angle financier, parfois les deux à la fois. » Partager des locaux signifie bénéficier d’un loyer plus faible. Les entreprises peuvent aussi utiliser de façon ponctuelle un chariot élévateur qu’elles ne peuvent pas acheter… « C’est d’autant plus d’actualité que l’on connaît une pénurie de semi-conducteurs, d’acier et de bois », conclut-il.

Quant à Sylvie Muniglia, dirigeante de Déclic, une entreprise d’insertion de 23 salariés spécialisée en assemblage industriel, transport de marchandises et réemploi de matériel informatique, située à Saint-Nicolas-de-Redon, en Loire-Atlantique, elle a saisi l’occasion de formaliser ses désirs de partage avec les employeurs du territoire. Elle utilise pour le moment la plateforme pour y proposer du matériel dont l’entreprise n’a plus l’usage mais « qui peut en intéresser d’autres, qui démarrent leur activité », dit-elle.

Covoiturage et restaurant mutualisé

Mais ses projets de mutualisation vont au-delà. « J’ai mis en place le covoiturage dans l’entreprise, ce qui est très utile, notamment à nos salariés en insertion qui n’ont pas toujours de moyen de locomotion. Et je souhaite le déployer avec les entreprises de la zone », indique-t-elle. Elle espère obtenir une aide de la collectivité pour pouvoir ainsi le gérer à plus grande échelle. Autre projet en réflexion : la création d’un restaurant d’entreprise mutualisé. La crise sanitaire « a éveillé certaines consciences, constate Basile Thépot, allant dans le sens de la transition écologique, de la résilience… » Autant dire que le mouvement semble bien engagé…

Auteur

  • Dominique Perez