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Sur le terrain

Rémunérations : SkillX laisse ses collaborateurs décider des augmentations de salaire

Sur le terrain | publié le : 24.01.2022 | Irène Lopez

Pour définir la stratégie de l’entreprise et gérer au jour le jour, dirigeants et collaborateurs travaillent – parfois – main dans la main… Mais tout partager est-il possible lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi sensible que la rémunération ? L’équipe de SkillX, une PME spécialisée dans le cloud et la cybersécurité, a tenté l’expérience.

Née fin 2018, SkillX, une société de services numériques, compte aujourd’hui dix collaborateurs. Il y a quelques mois, certains d’entre eux ont demandé une augmentation de leur salaire… Comme ils ont l’habitude de travailler de façon collaborative sur certains sujets stratégiques tels que la vision de l’entreprise ou la marque employeur, il leur a paru légitime d’aborder également ensemble les augmentations salariales. Le fondateur de la jeune pousse, Olivier Andoh, a acquiescé. « Mais cela n’a pas été sans poser de questions, parmi lesquelles : “Qui doit décider de l’augmentation ? Sur la base de quels éléments ? Quand ces demandes peuvent-elles être formulées ?” », se souvient Olivier Andoh. À chaque nouveau questionnement, les collaborateurs ont voté pour trancher. Et à la question : « Le fondateur de SkillX doit-il ou non faire partie du comité de décision des augmentations de salaire ? », la réponse a été oui.

Comité de décision

Pour éviter d’être dix autour de la table lors de ces prises de décisions, toute l’équipe s’est mise d’accord sur la création d’un comité. Chargé de statuer chaque année sur les demandes d’augmentation de salaire, il se compose du fondateur, d’une personne extérieure à SkillX (en 2021, il s’agissait de Valentin Foveau, cofondateur de Vaduo, entreprise de services numériques amie de SkillX) et de deux collaborateurs tirés au sort. « Les demandes d’augmentations de salaire sont évaluées chez SkillX par les collègues directs du demandeur ou de la demandeuse, sans que ne soit regardé le lien hiérarchique », indique Julie Goudrouffe, responsable RH. De plus, toutes ces demandes, comme les salaires de chacun, sont connues de tous dans l’entreprise.

L’année dernière, la jeune pousse a reçu deux demandes de revue de rémunération (sur neuf collaborateurs à cette période). Les salariés ont beau avoir l’habitude de se retrouver autour de la table avec leur dirigeant, les prises de parole ont été timides au début. Pour briser la glace, ce dernier a rappelé l’attitude à avoir : écoute, intelligence collective, exigence, bon sens… Il a également proposé de ne partager son point de vue qu’en fin d’exercice, afin de ne pas influencer celui des autres.

Les premiers échanges ont concerné le sens de l’augmentation. Fallait-il récompenser, motiver ou éviter la fuite à la concurrence ? Les collaborateurs se sont trouvés face à une première difficulté, celle d’avoir une réelle visibilité sur les salaires du marché pour évaluer les demandes. Ils ont également souligné l’absence d’une grille de salaires ou d’une enveloppe budgétaire à attribuer pour ces augmentations. Le principal écueil, néanmoins, a été de passer outre les liens particuliers avec les demandeurs. En effet, dans une petite entreprise de neuf collaborateurs, chaque membre du comité a forcément des relations privilégiées en dehors du cadre professionnel avec les demandeurs. Ce qui peut biaiser les décisions.

In fine, sans surprise, les dirigeants sont restés soucieux de l’aspect financier et ont eu davantage tendance à revoir les demandes à la baisse. Les pairs, eux, se sont mis à la place de leur collègue sur le thème : « Je pourrais faire la même demande l’année prochaine », et ont défendu les demandes, voire encouragé à les dépasser…

Compromis trouvé

Même si les opinions ont divergé, finalement, un compromis a été trouvé, à mi-chemin entre les avis des uns et des autres. « Les deux collaborateurs qui avaient fait une demande ont été augmentés : l’un à la hauteur de sa demande, et l’autre partiellement », détaille ainsi Julie Goudrouffe.

Forte de ce processus collaboratif concluant et très motivant pour les équipes, SkillX pense reconduire la démarche, qui demande cependant à être consolidée. De nouvelles questions sont en effet apparues. Ainsi, le fondateur doit-il déléguer pleinement sa confiance à ses salariés en sortant du comité ou se priverait-on ainsi d’un garde-fou essentiel à l’équilibre financier de l’entreprise et à sa pérennité ? De même, faut-il passer en revue les profils qui ne font pas de demande d’augmentation, mais qui la méritent clairement au vu de leurs actions ? Et, enfin, quid de la revalorisation du salaire du fondateur : doit-elle passer par le même processus ? Autant de réponses à apporter pour poursuivre l’expérience…

Auteur

  • Irène Lopez