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Emploi : Mettre la puissance publique et privée au service de l’industrie dans le Grand Est

L’actualité | publié le : 24.01.2022 | Pascale Braun

Joël Berger, directeur du C2IME1, explique la démarche collective visant à permettre aux industriels de la région de conserver les compétences de leurs salariés et de monter en gamme. En se jouant des frontières.

Que recouvre l’accord-cadre « initiative compétences industries (Ici) Grand Est » signé en décembre à Nancy ?

Il s’agit d’une démarche systémique et globale pour permettre aux industriels de conserver les compétences de leurs salariés et de monter en gamme. Mettre au point des innovations technologiques ne sert à rien si l’on ne dispose pas des compétences nécessaires pour les mettre en œuvre. Or la pénurie de main-d’œuvre est aujourd’hui critique et le problème des métiers en tension, que nous pensions franco-français, est devenu européen. Voici deux ans, le C2IME, qui a accompagné 260 entreprises en Lorraine, a développé un processus de montée en gamme des compétences et d’aide au recrutement qui a apporté des résultats tangibles, du grand groupe à la start-up. Vice-présidente du conseil régional du Grand Est en charge de l’emploi, de la formation, de l’orientation et de l’apprentissage, Valérie Debord s’est intéressée au dispositif jusqu’à prendre la présidence du C2IME pour le déployer à l’échelle régionale et transfrontalière.

L’accord-cadre englobe des notions différentes qui vont de la promotion interne à l’attractivité territoriale. Comment comptez-vous les mettre en œuvre ?

En mettant la puissance publique et privée au service de l’industrie. Outre le conseil régional du Grand Est, notre dispositif réunit l’UIMM Lorraine, Pôle emploi Grand Est, l’université de Lorraine et la CCI Grand Est. Ces acteurs se connaissent et savent travailler en réseau. Le développement des compétences en interne peut passer par le recours à des centres de formation, mais aussi par des start-up spécialisées. L’une d’entre elles s’est par exemple positionnée sur les vidéos qui permettent de sauvegarder et de transmettre le savoir-faire. Nous prévoyons également la création d’un incubateur de compétences, sur le modèle d’un CFA. Il ne s’agit pas de construire une nouvelle structure, mais d’élaborer une ingénierie de parcours où peuvent intervenir simultanément plusieurs partenaires : l’université, qui oriente ainsi son enseignement vers d’autres cibles, Pôle emploi, les Opco, les organismes financiers… Tout le monde est là, y compris les acteurs territoriaux, qui peuvent mettre en avant les atouts culturels et touristiques de la région.

Ici Grand Est pouvait-il faire abstraction de la dimension transfrontalière ?

Non. La Lorraine et ses voisins luxembourgeois, allemands et wallons constituent des bassins d’emploi contigus et interpénétrés. Le manque de main-d’œuvre entraîne des surenchères salariales qui assèchent les territoires lorrains. La charte pour un rebond industriel par l’UIMM Lorraine en 2020 visait à faire de notre Eurozone un leader industriel, social et environnemental. Il a débouché sur un Euro-accélérateur qui a déjà accompagné 13 projets industriels transfrontaliers dans leur dimension économique, mais aussi en matière de compétences. Cet Euro-accélérateur, dont le modèle intéresse beaucoup les commissaires européens, constitue une réponse à la concurrence entre territoires. On peut imaginer que demain, des entreprises luxembourgeoises implantent un site en Lorraine pour ouvrir leurs marchés et bénéficier de la R&D et de la compétence locales.

(1) Commissariat d’Investissement à l’Innovation et à la Mobilisation Économique.

Auteur

  • Pascale Braun