Dans son plaidoyer, l’ancien représentant du Medef, Thibault Lanxade, propose d’élargir les dispositifs de participation en créant « un dividende salarié ». Un message électoral.
En 2019, Thibaud Lanxade, ex-vice-président du Medef, a été l’auteur d’un rapport commandé par le gouvernement sur l’amélioration de l’épargne salariale. Il en a tiré ce bref manifeste, où il prône la création d’un dividende salarié, sorte de généralisation de la participation. Avec un principe clé : « Il ne pourrait plus y avoir de dividendes pour les actionnaires sans dividende salarié pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. » La crise Covid n’apparaît guère propice à mettre le sujet du partage des profits au centre du débat. Mais le patron de Jouve se dit optimiste sur la reprise. Et voit ce dispositif comme une « corde supplémentaire » face aux inégalités de revenus, aggravées depuis la pandémie. Dans un esprit très gaulliste, il argumente sur les vertus de cette réforme, qui permettrait (en partie) de mieux répartir « la valeur » entre actionnaires et salariés : pour aborder l’avenir, « nous avons besoin d’un dispositif unique et puissant », dit-il. Et fédérateur. Car, malgré la loi Pacte, la participation reste trop marginale et inégalitaire : seulement 9 millions de salariés sur 19 étaient concernés en 2018 par un accord de participation ou d’intéressement. Et 84 % travaillent dans une entreprise de plus de 500 salariés.
Thibault Lanxade n’ignore pas que cette forme de capitalisme partagé choque les syndicats et crée des réticences chez les chefs d’entreprise. Mais pour lui, « il faut sortir de l’opposition éculée entre capital et travail. » Et il l’assure : ce dispositif permettrait plus « de cohésion », de même qu’« un meilleur dialogue social » et une amélioration de la RSE. Voire d’ouvrir la porte à l’actionnariat salarié. Dans les grandes lignes, son livre décrit le cadre de cet outil qu’il appelle de ses vœux : transformation d’un accord de participation en « dividende salarié », obligation de le payer en cas de dividendes pour les actionnaires, extension aux PME et TPE de plus de 11 salariés. Et affectation « optionnelle » dans un plan d’épargne salariale. Problème, s’il évoque « des règles de distribution similaires » à étudier entre actionnaires et salariés, ce patron reste taiseux sur les seuils de ce dividende versé aux salariés. Gagneraient-ils potentiellement un ou deux mois de primes en plus ? Quid des risques de freiner les augmentations salariales ? Aucune allusion à ces questions essentielles.