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Sur le terrain

Emploi : La Marine nationale met le cap sur le recrutement

Sur le terrain | publié le : 10.01.2022 | Irène Lopez

Pour séduire les jeunes recrues, la Marine nationale déploie un arsenal de solutions et espère ainsi alléger les multiples contraintes inhérentes aux métiers qu’elle propose.

La Marine nationale compte près de 40 000 marins. Chaque année, 10 % de son personnel sort des rangs. Pour maintenir à flot les effectifs, elle doit donc en recruter autant tous les ans. Or du mousse à l’amiral, les carrières s’y heurtent à de nombreuses contraintes… Le vice-amiral d’escadre Guillaume Goutay, directeur du personnel militaire de la Marine, est en effet très clair : « Les marins alternent entre des postes à terre et en mer. Il faut compter quatre à six mois en mer chaque année. Et les océans usent », dit-il. « Pourtant, nous avons un impératif de jeunesse et de flux pour entretenir nos effectifs », ajoute-t-il.

Opération séduction

« Dans la Marine, vous ne serez pas confrontés au “métro boulot dodo”. Vous aurez une succession de postes dynamiques tous les deux ou trois ans. Sur une vingtaine d’années de carrière, vous occuperez sept à huit postes. En mer, le marin a de multiples casquettes : il est tireur, donne un coup de main en cuisine et apprend à éteindre un feu. Vous allez sortir de votre zone de compétences ! », promet le vice-amiral d’escadre lorsqu’il est face à des jeunes. Les responsabilités viennent en effet tôt, et vite : aujourd’hui, un commandant de sous-marin nucléaire d’attaque a 35 ans… Autre exemple : au large de Brest, près de l’île de Batz, 38 obus de la Seconde Guerre mondiale sont immergés. Un démineur de combat est dépêché sur place. Il n’a pas 30 ans. Autonome, il gérera sa mission en coordination avec le préfet, les élus et les forces militaires. De quoi faire rêver les jeunes en mal d’action… Pour ceux qui veulent de l’imprévu, le changement de carrière est un autre avantage de la Marine : le cuisinier du porte-avions Charles de Gaulle était ainsi mécanicien auparavant. Quant aux carriéristes, qu’ils se rassurent : l’évolution est constante. Un officier sur deux est issu du corps des sous-officiers. Parmi ces derniers, un sur deux vient du rang. Ce qui veut dire qu’il a été mousse ou a occupé un autre poste.

« Le marin d’hier n’a plus rien à voir avec le marin d’aujourd’hui, martèle le directeur du personnel. La Marine est une arme technologique, de rupture. Auparavant, nous ne parlions pas de cyberguerre, de numérisation des capacités nucléaires. Tous ces domaines de compétences font aujourd’hui partie de notre métier. » En 2021, 4 000 jeunes marins ont été recrutés dans 50 métiers : pilotes, plongeurs, gestionnaires RH… Certains d’entre eux démarreront en 2035 un nouveau programme encore non dévoilé… D’ici là, ils sillonneront toutes les mers du globe.

À la source

Pour se faire connaître, rien de tel que d’aller à la source. La Marine nationale se rapproche ainsi des lycées et noue des partenariats. Par exemple, avec l’IFTO (Institut de formation technique de l’Ouest), une formation d’excellence en chaudronnerie (niveau CAP et bac pro). Ancien mousse qui a passé 33 ans de sa vie professionnelle dans la Marine, Emmanuel Rouve en est aujourd’hui le directeur. Il a très vite compris que les mots avaient de l’importance : « La chaudronnerie ne parle à personne. Elle ne fait pas envie. En revanche, travailler le métal, c’est bien plus sexy », dit-il. Il parle même de la chaudronnerie comme s’il était tombé dedans. « Elle mène à différents univers : aéronautique, naval, ferronnerie d’art, etc., dit-il. De plus, les élèves auront le luxe de choisir leur entreprise, car les métiers y sont en tension. C’est un argument qui rassure également les parents. »

Avenir

« Nous permettons aux jeunes d’apprendre tout au long de leur carrière, renchérit Guillaume Goutay. Nous leur donnons un maximum d’outils pour apprendre à apprendre au fil de leur parcours. S’adapter à un environnement est un marqueur fort de la Marine nationale », assure-t-il. Au cours de leur vie professionnelle, les marins ne cesseront d’être tour à tour élèves et formateurs.

Le dernier avantage à entrer dans la Marine nationale est… la sortie. L’adaptation constante nécessaire aux postes successifs occupés, les formations suivies, la rigueur exigée, font des marins des candidats prisés. Selon Thierry Lemerle, correspondant national des Armées, réserviste citoyen de la Marine et également directeur régional Pôle emploi Occitanie, « du point de vue de Pôle emploi, quand une personne quitte la Marine, elle n’a aucun mal à retrouver un emploi. Seule une adaptation à un autre monde, avec d’autres valeurs, sera nécessaire. » Des arguments clés pour ceux qui aspirent à une deuxième carrière.

Auteur

  • Irène Lopez