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Sur le terrain

Recrutement : Synergie met le cap sur la féminisation des métiers

Sur le terrain | publié le : 27.12.2021 | Natasha Laporte

Encore aujourd’hui, en France, peu de familles professionnelles sont composées à égalité d’hommes et de femmes. Face à ce constat, le groupe de travail temporaire et de services RH a lancé le « parcours Switch », pour accompagner les entreprises vers davantage de mixité.

Les chiffres sont édifiants : sur les 87 familles professionnelles, seules 18 peuvent être qualifiées de mixtes, autrement dit, présentant une répartition entre les hommes et les femmes à peu près équilibrée, selon le dernier rapport ministériel « Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », publié en novembre 2020. De même, les femmes investissent moins de professions que les hommes : 24 métiers sont à prédominance féminine, alors que 45 sont à prédominance masculine. Une ségrégation des métiers encore bien présente sur le marché du travail, donc, malgré des avancées…

Pour inverser la tendance, le groupe de travail temporaire et de services RH Synergie a créé le parcours Switch, dont l’objectif est d’encourager la mixité et davantage féminiser les métiers. Un programme qui s’inscrit dans le sillage de ses forums Mix et métiers, organisés depuis 2016. « Le parcours Switch est le résultat de plusieurs années de travail et d’expérimentations sur le terrain », indique ainsi Alexandra Rieu, responsable des missions seniors et égalité professionnelle hommes-femmes chez Synergie.

Trois étapes

D’un côté, des entreprises sont désireuses de féminiser leurs métiers. De l’autre, des femmes, principalement en reconversion professionnelle, ne connaissent pas ces organisations. Pour les rapprocher, Switch propose un parcours en trois étapes. D’abord, « faire découvrir aux femmes des métiers masculins, en les invitant à des réunions d’information actives, pour déconstruire les stéréotypes », poursuit Alexandra Rieu. L’idée est notamment de faire intervenir une professionnelle d’une entreprise pour témoigner, car « pouvoir s’imaginer faire ce métier, se dire qu’on a réellement sa place, joue beaucoup », dit-elle. Ensuite vient la visite de la société et du poste. Enfin, si la candidate est intéressée, un parcours de formation, sur mesure, et travaillé en amont avec l’entreprise partenaire, est proposé. Avec, à la clé, l’intégration dans l’entreprise, que ce soit en CDI, en CDI intérim, en CDD ou en intérim.

Les secteurs visés sont variés : ils vont de l’industrie au transport en passant par le BTP, le numérique, la logistique. Ainsi, dans le transport, l’enjeu est d’accompagner davantage de femmes vers des postes de conductrices. Dans l’aéronautique, ce sont notamment des techniciennes de maintenance ou spécialisées qui sont recherchées. Après la phase de construction et de lancement de Switch (sourcing, communication…), cette année, le travail avec des sociétés a d’ores et déjà démarré et les premières réunions d’information devraient avoir lieu en janvier. L’intérêt est bien là, assure Alexandra Rieu, tant de la part des candidates – qu’elle trouve, entre autres, via des associations – que des entreprises.

Freins et avantages

Pour féminiser leurs métiers masculins, les entreprises ont en effet plusieurs motivations. « Cela peut être dans le cadre d’une politique RSE, indique Alexandra Rieu. Certaines travaillent aussi la mixité à travers l’accord égalité professionnelle. Sans oublier les tensions sur le recrutement et la pénurie de main-d’œuvre. Et tous ces éléments peuvent se conjuguer. »

Mais si, souvent, au départ, l’initiative part d’une contrainte, les entreprises « se rendent compte au fur et à mesure de tous les bénéfices qu’apporte la mixité », assure cette spécialiste. Question de justice sociale, évidemment, mais aussi de logique… « On ne peut pas recruter toujours les mêmes profils. C’est tellement peu innovant ! », s’exclame-t-elle.

Tout repose donc sur un « switch », un changement dans les façons de procéder. « Les entreprises comprennent assez rapidement qu’il va leur falloir sourcer et recruter de manière différente, poursuit cette responsable. L’habituel ne fonctionne pas. Il faut être agile pour réussir en termes de mixité », conclut-elle.

Un travail de longue haleine, certes, et qui nécessite un réel investissement de la part des entreprises. D’autant que les freins qu’elles rencontrent pour féminiser leurs effectifs sont nombreux : méconnaissance des métiers, autocensure, choix de formations genrées dès le plus jeune âge… Le parcours Switch, à travers ses réunions et ses visites de terrain, notamment, cherche justement à aider les femmes à franchir le pas. « C’est un sas de bienveillance qui donne de la confiance », conclut Alexandra Rieu.

Auteur

  • Natasha Laporte