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2022 : l’An 1 de la transformation RH

Chroniques | publié le : 20.12.2021 |

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2022 : l’An 1 de la transformation RH

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Par Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Alors que 2021 se termine au cœur d’une cinquième vague, nous pouvons déjà constater à quel point le monde du travail a changé et par là même l’un des métiers qui le gère et le transforme : les ressources humaines. Il est intéressant en cette fin d’année de se pencher sur les impacts d’ores et déjà établis de ces 18 mois impensables.

Il en est de nombreux et le télétravail n’est après tout que la pointe de l’iceberg. Nous sommes déjà au-delà, car il faut désormais parler d’hybride comme de la nouvelle norme dans nombre d’organisations mais surtout de métiers. C’est là que se situe l’un des enjeux. Nous sommes face à une fracture du monde du travail qui vient s’ajouter aux si nombreuses autres : entre salariés de grandes et petites entreprises, présence et distance, zone urbaine ou rurale. Les DRH travaillent depuis près de deux ans à maintenir uni un corps social que la pandémie s’acharne à désunir. Faire travailler les gens ensemble, reconstituer l’unité de l’entreprise mais surtout celle du projet commun, alors même que les efforts fournis peuvent être anéantis par une énième vague.

Mais en plus de ces éléments conjoncturels, nous avons vu apparaître des faiblesses structurelles de notre modèle du travail. Bien évidemment, la reprise a révélé une distorsion préoccupante entre compétences recherchées et proposées. Nous payons sans doute au prix fort l’écart parfois trop grand entre notre modèle d’enseignement et les besoins en perpétuelle évolution des entreprises. Si les transformations managériale, organisationnelle, industrielle, digitale étaient largement entamées avant cette crise, elles sont maintenant urgentes, car c’est tout le système qui est bouleversé par cette année complète sous la menace du virus. L’année 2022 est à ce titre l’ouverture d’une nouvelle période du monde du travail dont la transformation sera longue et multiple. Même si les habitudes ont la vie dure et si certains ont du mal à se projeter dans une organisation si différente, l’année que nous venons de vivre pose les bases d’un nouveau monde du travail. Cette perturbation si puissante trouve avec les aspirations d’une nouvelle génération les moyens de redéfinir ce qu’est le travail, son rôle, son équilibre et son sens. Nous avons tous vécu pour la première fois en réel une autre forme de la vie au travail et celles et ceux qui ont démarré leur vie professionnelle en 2021 resteront marqués par cette période. La dernière enquête OpinionWay montre clairement une fracture générationnelle comme nous n’en avions sans doute pas vu depuis des décennies. Un seul chiffre la résume : 45 % des salariés déclarent souhaiter une mobilité professionnelle, et parmi eux, 38 % ont moins de 35 ans. Pourtant, ce souhait de mobilité n’est pas fondé sur la pénibilité ou le désintérêt pour le travail, car c’est d’abord la manifestation d’une nouvelle aspiration de vie, d’une nouvelle exigence d’équilibre personnel. Ce serait dramatique si nous devions considérer que ce fait relève du désengagement. Ce n’est pas exact.

Mais le plus intéressant – et troublant – est sans doute que cette génération définit assez clairement ce qu’elle veut et ce qu’elle rejette. Elle souhaite une véritable autonomie, un management par la confiance, un employeur engagé dans les combats planétaires, une cohérence entre actes et discours, une constance et une sincérité dans les engagements. Elle s’attache chaque jour à en vérifier la véracité et la réalité. Répondre à ces exigences parfois si peu compatibles avec notre organisation classique du travail est de la responsabilité de tous dont les partenaires sociaux, le législateur et les dirigeants d’entreprise. Sans cela, nous risquerions de voir se développer une société du travail répondant à des règles et des principes non régulés par une législation décalée.

Les DRH ont pour mission centrale de faire vivre ensemble des équipes dans un but commun et dans lequel elles se reconnaissent et s’engagent, avec le niveau d’autonomie, de confiance et de compétences nécessaires. Unir le corps social est un enjeu complexe, et la raison d’être, la notion d’entreprise à mission ou la transformation donnent des outils pertinents. Réunir le corps social est l’enjeu stratégique des ressources humaines : garantir l’équité de traitement entre des métiers qui ont fortement évolué et d’autres qui stagnent, développer des compétences nouvelles pour garantir à chacun une employabilité interne apte à faire face aux transformations, maintenir un dialogue social au plus près de la réalité même de l’entreprise sans être entravé par des règles venues d’en haut et déconnectées de la vitesse de transformation, donner du sens au travail et de l’ambition collective pour ne pas subir une individualisation trop forte qui ferait disparaître la volonté d’agir en commun. 2022 sonne le temps des DRH pour orchestrer cela !