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Les clés

Quelle place pour le bureau demain ?

Les clés | À lire | publié le : 13.12.2021 | Lydie Colders

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Quelle place pour le bureau demain ?

Crédit photo Lydie Colders

 

Comment penser l’articulation des lieux de travail bousculée par la pandémie ? Cette note de la fondation Jean-Jaurès « Télétravail : la fin du bureau ? » souligne le rôle fondamental du travail en présentiel.

Après un an et demi de télétravail contraint par la crise sanitaire, il semble difficile de revenir en arrière. En 2022, le travail hybride semble « être salué par les salariés et les organisations ». Mais comment penser une autre organisation plus adaptée du télétravail ? Quelle sera la place du travail au bureau ? Dans cette brève étude, Sarah Proust, consultante et associée à la fondation Jean-Jaurès, analyse ces enjeux, à partir d’entretiens de cadres (dans le public et le privé) en France, en Europe ou aux États-Unis pendant les confinements. Et elle invite les entreprises à tirer les leçons des « essais et des erreurs » commises. À l’inverse des pays nordiques ou des États-Unis, déjà habitués au télétravail, la France, marquée par une forte culture « présentéiste et verticale », s’est adaptée en urgence en 2020 en équipant les salariés à domicile en informatique. Si les managers ont dû changer de modes de travail, l’auteure pointe les dérives de ce télétravail massif : trop de contrôle (obligation de laisser sa messagerie ouverte, etc.) ou fausse convivialité (déjeuners virtuels avec la hiérarchie « avec présence souhaitée »). Si l’on tend vers une ou deux journées de télétravail, il faudra repenser l’autonomie et le management : « Le télétravail n’est pas une duplication de la vie de bureau », dit-elle. En outre, il peut conduire un cadre à « commander » trop de travail à un salarié par mail et à en écarter d’autres, le contrôle social du collectif n’existant pas à distance. Une remarque pertinente.

Contraintes sanitaires ou non, l’attachement des salariés européens à la « dimension symbolique du bureau » reste entier, rappelle Sarah Proust. Assèchement du métier, surcharge de travail et, plus intéressant, perte « de la nuance de négociation et des enjeux » reviennent dans les témoignages des cadres.

L’importance du travail informel

Pour la consultante, tout ceci atteste « que le travail informel n’a rien d’accessoire. » Le rôle du bureau restera donc essentiel. Débriefer une réunion dans un couloir, « passer une tête » dans le bureau d’un collègue pour poser une question : le lien physique « enrichit le travail produit » et la capacité de réflexion, souligne-t-elle. Et gare à ne pas fissurer le collectif, à ne pas faire des locaux « un lieu d’élite. » Or, depuis la crise sanitaire, l’auteure note que la « logique économique » de réduire la surface des postes de travail est très présente. Sans fustiger le flex-office, à condition de rassurer les salariés (« Il doit y avoir de la place pour tout le monde »), son analyse met en garde les entreprises tentées d’augmenter le télétravail pour économiser des mètres carrés. Si le travail change, pour la fondation Jean-Jaurès, le bureau reste garant d’un lien salarial nécessaire pour tous. Entreprise comme salariés.

Auteur

  • Lydie Colders