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Emploi : L’insertion professionnelle des réfugiés reste précaire

L’actualité | publié le : 13.12.2021 | Dominique Perez

Faciliter et accompagner l’insertion professionnelle des réfugiés : c’est l’engagement qu’ont pris des entreprises et des associations, invitées à partager leurs expériences à l’occasion d’une conférence organisée par l’Ifri (Institut français des relations internationales) et la Fondation BNP Paribas le 3 décembre dernier au Palais de Chaillot1. « Cet événement est le fruit d’une longue collaboration menée avec l’Ifri, mais aussi le témoin de l’investissement actif de la Fondation et de la direction générale du groupe BNP Paribas auprès des réfugiés », précise Isabelle Giordano, déléguée générale de la Fondation BNP Paribas et responsable mécénat du groupe. Depuis 2015, la banque, qui y a consacré 17 millions d’euros, déploie un programme pour accompagner l’insertion professionnelle des réfugiés dans 11 pays, fondé principalement sur l’apprentissage de la langue et du numérique, via des aides apportées aux associations d’insertion et de formation dans chacun des pays concernés.

Des obstacles à lever

La conférence a été également l’occasion de dévoiler les premiers résultats d’une étude – « L’emploi des personnes réfugiées : des trajectoires professionnelles aux politiques de recrutement des entreprises », menée par l’Ifri en s’appuyant sur les statistiques du ministère de l’Intérieur. Elle montre le chemin restant à parcourir. De fait, si la majeure partie des personnes réfugiées interrogées déclarent avoir cherché du travail depuis l’arrivée en France, un an après l’obtention du titre de séjour, seules 42 % d’entre elles sont en emploi, tandis que 22 % sont au chômage, 19 % en situation d’inactivité et 17 % en études. Enfin, parmi les salariés, 43 % sont en CDI, 37 % en CDD et 10 % en contrat intérimaire. « En comparaison, les salariés en France étaient en 2018 à 84,7 % en CDI, 10,5 % en CDD et 3 % en intérim », précise l’étude. En outre, « une part élevée de femmes qui avaient un emploi dans leur pays d’origine se déclarent en inactivité, ce qui ne semble pas vraiment un choix », relève Sophie Bilong, chercheuse à l’Ifri. Parmi les obstacles à lever, « le niveau de maîtrise de la langue, la reconnaissance des diplômes, très complexe quand on vient d’un pays hors Europe, celle des compétences déjà acquises et la méconnaissance du marché du travail en France à l’arrivée », énumère-t-elle.

Côté entreprises, « le fait de prendre position sur cette thématique est évidemment positif, poursuit-elle. Cela les rend visibles et donne à d’autres la volonté de s’engager. » Mais l’étude souligne aussi que l’engagement RSE affirmé ne va pas toujours de pair avec un recrutement effectif des personnes réfugiées… « Les échanges de bonnes pratiques au sein des collectifs peuvent ouvrir la voie vers une insertion pérenne », conclut Sophie Bilong.

(1) En présence notamment de représentants de fondations d’entreprises, de responsables RSE de grands groupes (Sodexo, L’Oréal, The Adecco group et SNCF) et d’associations (collectif Work With Refugees, Kodiko, Duo for a Job, Singa…).

Auteur

  • Dominique Perez