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Les clés

Changer de politique pour combattre les inégalités

Les clés | À lire | publié le : 06.12.2021 | Lydie Colders

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Changer de politique pour combattre les inégalités

Crédit photo Lydie Colders

Dans Réduire les inégalités, c’est possible !, des chercheurs proposent des pistes pour réduire les injustices, de l’éducation au travail. Un manifeste engagé, à l’initiative de l’Observatoire des inégalités.

À quelques mois des élections présidentielles, l’Observatoire des inégalités apporte sa contribution pour un futur « plus juste » avec cet ouvrage collectif. Sur le fond, « réduire les inégalités n’est pas une question d’argent public […]. La France est l’un des pays les plus riches au monde. » C’est avant tout une vision politique et d’égalité des droits, souligne en préambule du livre Louis Maurin, le directeur de cette association proche des socialistes. Comment agir « à la racine » de ces injustices ? Ce livre sérieux regroupe les propositions d’une trentaine de chercheurs, économistes ou sociologues, dans l’éducation, la protection sociale, le travail ou la fiscalité. Côté inégalités salariales, l’économiste Rachel Silvera revient sur un débat de fond occulté, celui de l’encadrement des rémunérations en entreprise : il faut, dit-elle, « augmenter le Smic et fixer un salaire maximum » pour les dirigeants. « Alors que le Smic stagne, que le salariat subit le choc de la crise sanitaire, les revenus de patrons du CAC 40 continuent à progresser. Ces derniers devraient toucher en 2021 en moyenne 5 millions d’euros, plus de trois siècles de Smic ! » Elle plaide pour plafonner les rémunérations des cadres dirigeants, rappelant que la dernière proposition de loi (12 fois le Smic) a été rejetée en 2020. Mais surtout, l’urgence est d’augmenter massivement les professions aux plus faibles salaires. L’économiste défend « un salaire minimum décent » de 1 500 euros par mois, soit « une hausse de 20 % à 30 % », montant préconisé par le (feu) Observatoire national de la pauvreté. Cette augmentation réduirait aussi les écarts entre femmes et hommes, car « 12,7 % des femmes sont rémunérées au Smic, contre 5,5 % des hommes », rappelle Rachel Silvera.

Renforcer le droit du travail

Les chercheurs sont critiques sur les ordonnances Macron ou la réforme de l’assurance-chômage, face à la précarité grandissante du travail, qui creuse le fossé des revenus. Sur ce point, Dominique Méda juge nécessaire d’encadrer de façon beaucoup plus stricte le motif des licenciements et les contrats précaires « via des règles impératives » (quotas par entreprise ou par branche) et de « salarier les travailleurs des plateformes. » Dans une réflexion aboutie, l’économiste Thomas Coutrot déplore la disparition des CHSCT face aux inégalités de santé, les ouvriers et les employés étant beaucoup plus exposés que les cadres. Pour lui, les réduire « passe par démocratiser l’organisation de l’entreprise en profondeur » et « accroître fortement les prérogatives des élus du personnel dans les décisions portant sur l’organisation du travail ». Il suggère l’idée d’un « comité santé-travail-environnement », instance avec droit de veto, « chargé de dialoguer avec les salariés » sur ces sujets. Un livre qui plaira aux syndicats…

Auteur

  • Lydie Colders