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Le fait de la semaine

Inclusion : RainboVadis, un réseau pour lutter contre les discriminations LGBTQ+ chez EcoVadis

Le fait de la semaine | publié le : 06.12.2021 | N. T.

La plateforme d’évaluation des performances RSE et achats responsables EcoVadis a lancé cinq réseaux sociaux internes pour lutter contre les discriminations. Deux salariés polonais gèrent celui dévolu aux questions LGBTQ+. Une fenêtre de liberté dans leur quotidien sur place.

« Créer un environnement sécurisé qui accepte la diversité dans le travail est essentiel pour notre sécurité et pour que nous puissions nous sentir heureux, déclare Marek. Je sens que le gouvernement est contre moi, qu’une grande partie de la société polonaise est contre les personnes LGBTQ+, mais au moins, avec mes collègues, je peux avoir du soutien », ajoute l’analyste qui travaille pour EcoVadis à Varsovie depuis bientôt deux ans. L’entreprise, spécialisée dans l’évaluation de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et labellisée ImpactIndex par ChooseMyCompany, compte des bureaux dans une dizaine de pays, dont la Pologne, l’île Maurice, la Tunisie, et Hong-kong, où les droits des personnes LGBTQ+ ne sont souvent pas reconnus. Cet été, Marek et sa collègue Zenobia, tous deux militants dans la vie privée, ont lancé un réseau interne de partage et d’échange d’informations sur ces questions. Il rassemble aujourd’hui 88 membres, dont 16 actifs parmi les 1 000 salariés à travers le monde. Un peu plus tôt, sept salariés avaient fait leur coming out dans une vidéo diffusée en interne. Parmi eux : Zenobia, qui était autrefois un homme et a décidé de changer de genre et de prénom.

Pour la première fois de sa carrière, cette développeuse de 47 ans a révélé son identité transgenre. « Je travaille dans le secteur des technologies de l’information, où il y a une majorité d’hommes et une culture machiste », déplore-t-elle dans un français parfait, dénonçant des blagues et commentaires ironiques récurrents. Au sein d’EcoVadis, elle bénéficie d’un environnement bienveillant. « Le plus dur, c’est le premier mot, mais il est venu parce que j’en avais marre, l’atmosphère était trop chargée dans la société en général. J’ai senti que je devais agir, et faire mon coming out dans l’entreprise me permettait d’avoir une influence directe sur les salariés », poursuit-elle. Dernièrement, une proposition de loi « stop LGBT » a été discutée en Pologne. Elle interdit notamment les marches des fiertés et les rassemblements du même type. Elle découlait d’une initiative citoyenne qui a recueilli le soutien de plus de 100 000 personnes… Preuve de l’ampleur de l’homophobie dans ce pays très conservateur. En 2020, la directrice des ressources humaines d’Ikea en Pologne avait également été poursuivie par la justice locale pour avoir licencié un salarié tenant des propos homophobes – au nom de la liberté religieuse. Il invoquait en effet la Bible pour justifier son intolérance. Cet évènement pouvait laisser craindre le pire à Zenobia. « La réaction à mon coming out a été bien meilleure que ce à quoi je m’attendais, se réjouit-elle. Il y avait beaucoup de questions personnelles, de curiosité ». Des discussions qui se sont poursuivies sur le réseau social RainboVadis.

Soutien et ressources

« C’est vraiment un réseau de soutien, de ressources », confirme Lola Daunay, responsable des ressources humaines Europe du Sud d’EcoVadis, précisant que « le but n’est pas de forcer qui que ce soit à rejoindre des groupes, mais de dire : “nous sommes là si vous avez besoin de parler et d’échanger”. » Même si le sujet progresse dans les entreprises françaises, Catherine Tripon, porte-parole de L’Autre Cercle, association qui milite pour l’inclusion des personnes LGBTQ+ au travail, rappelle qu’aujourd’hui, beaucoup d’entre elles n’activent pas les droits de conjugalité ou de parentalité auxquels elles peuvent prétendre par peur de se dévoiler. « Si vous n’êtes pas certain que cela n’aura pas d’incidence avec le responsable administratif, que vous avez des doutes sur la confidentialité ou que vous n’en avez jamais parlé à personne, vous ne voulez pas prendre de risques », argumente-t-elle.

Inclusion

Dans la lignée de RainboVadis, quatre autres réseaux ont été lancés cet automne par EcoVadis, autour de l’égalité hommes-femmes, du handicap et du soutien en cas de maladie, de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et autour de la culture, de la religion et de la couleur de peau. « Nous avons forcément des profils variés parmi nos salariés. Nous ne sommes pas à l’abri d’avoir des personnes homophobes ou extrémistes dans la pratique de leur religion, par exemple », reconnaît Lola Daunay. Et la responsable diversité de conclure : « Le but n’est pas de dire : “on ne veut pas de vous, vous n’avez rien à faire dans cette entreprise”. Nous sommes inclusifs. En revanche, c’est de dire : “Respecte l’autre”. »

Auteur

  • N. T.