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Inde : Les travailleuses de la plateforme Urban Company se rebiffent

L’actualité | Internationale | publié le : 06.12.2021 | Lys Zohin

Elles ont fait des piquets de grève devant le siège de la société, dans la banlieue de Delhi, il y a peu. Les femmes qui travaillent, en tant que coiffeuses, masseuses, manucures, pédicures ou femmes de ménage pour la plateforme Urban Company, lancée en 2014 et spécialisée dans les services à domicile, n’en peuvent plus. L’action de cette centaine de femmes – une première en Inde – a été réprimée par la plateforme, qui a non seulement demandé à la police d’intervenir mais les a aussi menacées de les empêcher de travailler à l’avenir.

Elle pose cependant une question et la presse s’en est emparée. Censée, comme d’autres, leur apporter la flexibilité nécessaire pour à la fois gagner de l’argent et s’occuper de leur famille, la plateforme agit complètement à l’encontre de son discours. Ainsi, en lieu et place de flexibilité, elle impose un système de notes, fondé sur le feedback des clients mais aussi sur les commandes acceptées ou refusées, ce qui force les femmes, si elles veulent continuer de travailler, à accepter le plus grand nombre de commandes possible et à travailler en heures supplémentaires, non rémunérées – pour éviter des pénalités ou des réductions de salaire… À cela s’ajoute le fait que si elles se désinscrivent de la plateforme pour des raisons personnelles ou familiales (maladie, grossesse, aide à la maison…), elles doivent payer une pénalité pour se réinscrire. Autant d’éléments que les femmes veulent voir disparaître.

En outre, pendant la pandémie, Urban Company a mis en place une nouvelle classification pour ses services : traditionnel, luxe, grand luxe, super luxe… et « promu » certaines femmes – sans leur accord. Or ce nouveau système implique d’aller souvent plus loin que d’habitude, d’avoir un uniforme (que les femmes doivent payer elles-mêmes), sans oublier qu’une commission plus élevée est prélevée par la plateforme sur leur salaire pour les services « luxe »… Enfin, les femmes se plaignent des conditions de travail et notamment du manque de sécurité dans les transports et chez les clients, alors qu’il n’y a pas de centre d’appels au sein de l’entreprise avec du personnel qualifié pour les aider, notamment en cas de harcèlement sexuel. De plus, en raison du système de castes, encore très prégnant en Inde, certains clients les accueillent chez eux, mais leur refusent l’usage de leurs toilettes…

Bref, alors que les plateformes du type Urban Company ont été saluées lors de leur mise en place comme un outil de libération des femmes, ces dernières font face à une exploitation encore plus grande qu’à la maison…

Auteur

  • Lys Zohin