En mars 2021 ouvrait à Paris la première agence Manpower spécialisée dans le recrutement des cadres. Un tournant pour le groupe. D’ici à 2023, 300 consultants devraient être dévolus à ce marché qui représente la moitié des besoins de recrutements en France.
Cols blancs et cols bleus. Les deux mondes se sont toujours côtoyés, mais pour la première fois en 2020, la population des cadres a dépassé celle des ouvriers. Et de la même manière, les professions intermédiaires sont plus nombreuses que celles d’employés. Cette nouvelle donne du marché du travail complexifie grandement le recrutement des cadres, en particulier pour des profils en pénurie.
« Parmi les entreprises qui ont l’intention de recruter un cadre en 2022, 66 % anticipent des difficultés, rapporte le dernier baromètre Manpower France. Et 60 % d’entre elles identifient ces difficultés comme étant liées au faible nombre de candidatures ou de profils disponibles. » Le recrutement devient donc un enjeu, pour trouver le bon profil et le garder… Conséquence de cette situation, Manpower travaille depuis deux ans à l’ouverture d’un réseau spécialisé sur le recrutement des cadres. Depuis mars 2021, le projet s’est concrétisé et une première agence a ouvert ses portes à Paris. Depuis, ce sont 45 agences spécialisées « experts et cadres » qui ont été implantées dans les quinze plus grandes métropoles françaises. Quelque 100 consultants y travaillent et 200 autres devraient les rejoindre dans les deux ans à venir, avec également l’ouverture de trois autres agences, à Rennes, Orléans et Dijon.
Leur spécificité ? « Ils sont formés à détecter les soft skills et à rechercher ainsi des compétences différentes par rapport à nos agences plus anciennes (700 agences et 70 cabinets de recrutement généralistes sur les cols bleus) », explique Véronique Kirchner, la directrice France du réseau Manpower experts et cadres. Ces nouvelles soft skills ? « La capacité d’analyse et d’innovation avant tout, car la crise a souligné ce besoin de trouver des solutions. Un cadre doit savoir fixer les priorités et identifier les problématiques de manière englobante », analyse-t-elle. « L’adaptabilité et l’apprentissage en continu sont aussi nécessaires pour s’adapter au sein d’entreprises dans lesquelles les plans à dix ans, voire à cinq ans, ont disparu… », poursuit-elle. Et si la directrice reconnaît que cette situation vaut pour tous les salariés, manutentionnaires ou ouvriers compris, pour les cadres, confrontés aux problématiques de management, de gestion de projets, d’environnement… « c’est encore plus vrai et ils doivent prendre l’habitude de se former en continu ».
« Le mix entre hard et soft skills est plus complexe pour les cadres », résume de son côté Véronique Kirchner. Le groupe Manpower a donc développé plusieurs « labels » correspondant à des secteurs d’activité et à des métiers (finance et comptabilité ; fonctions dirigeantes et supports ; ingénierie et techniciens de l’industrie ; digital et IT ; commerciaux, marketing et communication ; ressources humaines et juridique ; bâtiment, travaux publics et immobilier ; biotechnologie, chimie-pharmacie et santé ; supply chain), afin de démarcher les candidats puis de les proposer aux entreprises de manière proactive. « Dans ces métiers, pour les fonctions de cadres, nos consultants vont rechercher des compétences nouvelles par rapport à nos anciennes agences, poursuit Véronique Kirchner, car les entreprises veulent des collaborateurs hyperspécialisés dans leurs métiers, mais avec les soft skills en plus. »
Ces consultants utiliseront leur expérience pour les détecter, en entretien ou grâce à des tests. Ils ont aussi à leur disposition une plateforme d’évaluation pour repérer les soft skills, avec des tests pour lesquels ils ont été habilités afin de les faire passer aux candidats. « Pour ce réseau, nous avons recruté des consultants différents qui connaissent à la fois les métiers, la partie commerciale et le recrutement », poursuit la directrice. Depuis mars 2021, 450 cadres ont été placés chez des clients, notamment dans la construction, l’IT et la R&D. « Les clients nous demandent aussi beaucoup de candidats en prospection et en finance », ajoute Véronique Kirchner. Enfin, les postes de commerciaux en sortie de crise sont aussi très attendus, avec des compétences d’adaptabilité et de vision beaucoup plus larges qu’il y a deux ans.