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Sur le terrain

Formation : Amazon mise sur la mobilité pour attirer des candidats

Sur le terrain | publié le : 22.11.2021 | Caroline Crosdale

Le géant du commerce en ligne déploie un programme de formation de plus d’un milliard de dollars. Les salariés peuvent ainsi évoluer, à l’intérieur de l’entreprise comme à l’extérieur.

Après la mort de sa mère et de son frère, Ernesto déclare qu’il a eu envie de changer de carrière. « J’ai regardé les infirmières les soigner, dit-il dans un spot publicitaire à la télévision, signé Amazon. J’ai compris que je voulais m’occuper des autres. » Cela tombait bien. Amazon, son employeur de l’époque, faisait au même moment la promotion de son nouveau programme « Choix de carrières ». Avec l’aide du géant du commerce en ligne, Ernesto a suivi des cours pour devenir assistant médical. Il s’est ensuite inscrit dans une école d’infirmiers. « Merci Amazon ! », dit un souriant Ernesto dans le spot publicitaire, encore tout étonné que l’entreprise finance des études qui lui ont permis de quitter le centre de distribution où il travaillait, en Floride. Cette publicité passe régulièrement sur les grandes chaînes de télévision américaines afin de convaincre des candidats de s’intéresser à l’entreprise. Le message est clair : rejoignez-nous et nous vous aiderons à faire carrière, chez nous ou ailleurs.

Embauches massives

Depuis le début de la pandémie, le site de commerce en ligne recrute à tout va pour répondre à la demande. Ses effectifs, de près de 1,5 million de personnes cet automne, ont crû de 30 % en un an. Mais c’est encore insuffisant. La direction d’Amazon cherche d’ailleurs à embaucher 150 000 saisonniers pour les fêtes de fin d’année.

En tant qu’employeur, Amazon n’a pas bonne réputation. Tel son concurrent Walmart, le groupe est vent debout contre la syndicalisation de ses troupes. Et les militants qui tentent malgré tout de créer un syndicat dans les entrepôts d’Alabama ou de Staten Island, à New York, dénoncent les conditions de travail, et tout particulièrement ces algorithmes qui suivent la vitesse d’exécution de chaque tâche et incitent les petites mains à limiter leurs pauses, de peur de faire baisser leur productivité… Nombreux sont d’ailleurs ceux qui démissionnent et le turnover annuel s’inscrit sur les niveaux de 150 %.

Au point que pour résoudre ses problèmes de main-d’œuvre, Amazon a dû améliorer son offre. En matière de salaire, d’abord, et désormais d’évolution. Ainsi, dernièrement, le géant a proposé 18 dollars de l’heure, un bonus de 3 000 dollars à la signature du contrat et des possibilités de formation au bout de trois mois seulement de présence dans l’entreprise. De quoi attirer à lui des candidats. Et Amazon claironne sur toutes les chaînes de télévision et les plateformes sociales que le groupe apprécie les anciens combattants, les femmes de soldats et les étudiants. Et s’ils postulent, sont embauchés et s’accrochent, l’entreprise a concocté pour eux un programme de plus d’un milliard de dollars, baptisé « Choix de carrières » pour faciliter leur évolution.

Des écoles présélectionnées

Ce programme, qui a déjà formé 50 000 personnes, se veut plus inclusif que son prédécesseur. « Nous savons qu’investir dans la formation de nos équipes peut avoir un énorme impact sur des centaines de milliers de familles dans le pays », assure Dave Clark, le responsable de la branche consommateurs d’Amazon. À partir de janvier 2022, le dispositif actualisé propose de financer quatre ans d’études supérieures, des cours d’apprentissage, le diplôme de fin de lycée ou l’obtention d’un certificat d’anglais comme deuxième langue. Amazon facilite l’inscription aux cours, en gérant d’entrée de jeu le financement. Le groupe a d’ailleurs éliminé d’office la formule du remboursement, qui oblige les intéressés à avancer les sommes nécessaires.

Les salariés d’Amazon ne peuvent pas pour autant choisir n’importe quelle filière. Le groupe les oriente vers des écoles et des universités présélectionnées, qui leur donneront des cours en ligne et sur site, dans les locaux d’Amazon. Ses domaines de prédilection sont les technologies de l’information, le transport, la santé, la mécanique… C’est ainsi que l’Académie d’Amazon se propose de former en neuf mois des développeurs de logiciels, ayant tout juste fini leurs études secondaires. Amazon a d’abord rodé la formule en s’adressant uniquement aux salariés du siège, à Seattle. Puis l’entreprise l’a ouverte aux autres membres du personnel. Parents célibataires, immigrants et étudiants… sont les bienvenus. La grande majorité – 98 % des diplômés, assure-t-on chez Amazon – reste ensuite dans le groupe, avec un salaire en hausse de 93 %… Les autres, comme Ernesto, partent faire carrière ailleurs.

Auteur

  • Caroline Crosdale