logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

DRH : l’être et le faire

Chroniques | publié le : 22.11.2021 |

Image

DRH : l’être et le faire

Crédit photo

 

Par Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Depuis plus de 18 mois maintenant, la fonction RH est aux avant-postes, et plus que jamais au moment où les activités paraissent retrouver un semblant de normalité. Certes, notre monde du travail a changé et les enjeux RH sont considérables et, pour certains, encore instables. L’hybridation du travail n’est plus une hypothèse. C’est un fait et pas uniquement en raison des milliers d’accords de télétravail passés ces derniers mois dans les entreprises. En effet, avec cette hybridation, c’est désormais l’ensemble de la société qui s’installe dans un tel régime, comme le prouve l’extension sans précédent de l’e-commerce, mais aussi le principe de la relation à distance avec l’administration comme avec les fournisseurs et les prestataires. Tout est hybride désormais – de la formation au recrutement, du management à la collaboration…

C’est une transformation profonde de nos modes de vie privée et professionnelle, de notre rapport au travail et avec les autres. Dès lors, la fonction RH, son rôle, ses responsabilités comme sa posture et sa place sont interrogés. Une question récurrente apparaît : les DRH parviendront-ils (et elles) à conserver à l’avenir la place d’influence qu’ils (et elles) tiennent depuis des mois ? On peut être tenté de répondre par l’affirmative tant les enjeux sociaux et sociétaux sont grands et perceptibles par tous. Pourtant, alors même que notre environnement est si affecté, la réponse n’est pas évidente, car elle est soumise à plusieurs constats.

Le premier, c’est que l’attente des salariés, présents et futurs, vis-à-vis de l’entreprise et de sa dimension humaine n’a jamais été aussi forte. On y trouve, mêlés, des sujets qui vont de la santé au management, de la reconnaissance à l’organisation du travail. Le fait générationnel s’invite avec encore plus d’acuité, car celles et ceux qui entrent en ce moment sur le marché du travail en attendent autre chose que ce qu’ils constatent chez leurs aînés. Dans le même temps, le corps social qui a connu l’avant Covid a pu mesurer les qualités de l’entreprise comme les inconvénients : l’exigence avérée de confiance, la réduction de l’obsession du reporting, la possibilité d’organiser autrement son rapport au travail et donc de définir pour chacun son propre équilibre vie privée/vie professionnelle sont désormais de mise.

À cela s’ajoute un enjeu central de transformation des organisations, des compétences et finalement, des métiers eux-mêmes, lesquels n’ont jamais été aussi instables dans leur définition comme dans leurs exigences. À l’heure où la reprise économique est bien plus forte qu’attendu, nous pouvons mesurer l’écart entre compétences présentes et compétences souhaitées. L’un des enjeux majeurs n’est plus seulement le sens du travail mais sa qualité intrinsèque. Dans ce monde en mutation, nous avons à travailler par hypothèses plus que par certitudes.

La fonction RH doit incarner cette capacité de se projeter et d’imaginer l’avenir du travail dans l’entreprise. C’est son rôle d’être à la fois la vigie pour anticiper les risques humains et l’ordonnatrice pour maintenir uni un corps social déstabilisé. En cela, cette responsabilité ne peut rester que fondamentale puisque c’est le (ou la) DRH qui doit garantir qu’un projet est socialement acceptable et « managérialement » diffusable – deux critères centraux de sa réussite potentielle. Être pleinement DRH, c’est planifier et prévoir pour être capable d’anticiper et de faire au bon rythme – humain et économique, par une connaissance fine du business, des métiers, des contraintes et des enjeux.

En parallèle de cette approche stratégique de la fonction comme de la posture à adopter pour la tenir avec ce niveau d’exigence, la fonction RH doit gérer « l’entre-deux », c’est-à-dire accompagner concrètement par son action le passage d’un monde à l’autre. Ce sera long, souvent difficile – mais si enthousiasmant ! C’est cela qui est attendu par les directions générales comme par l’ensemble des salariés. Les DRH ont montré durant cette crise qu’ils (et elles) en avaient les qualités – de courage, de détermination et d’énergie pour faire face dans cette situation inédite. Dès maintenant, l’enjeu est d’être celui ou celle qui voit loin tout autant que celui ou celle qui « fait » pour que cette évolution reste maîtrisée et crédible !