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Les clés

Une autre voie pour l’économie durable

Les clés | À lire | publié le : 08.11.2021 | Lydie Colders

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Une autre voie pour l’économie durable

Crédit photo Lydie Colders

 

Et si la solution face à l’urgence climatique passait par l’invention d’un modèle local, centré sur l’humain et l’écologie ? C’est ce que propose Pierre Veltz dans son livre L’Économie désirable.

Face à la course contre les émissions de gaz à effet de serre et la remise en cause de notre modèle industriel, cet essai de Pierre Veltz se distingue par sa fine connaissance du secteur. À la fois ingénieur et sociologue, ce dernier plaide pour un changement total de vision économique face à l’urgence climatique. Plus que d’argent, « nous avons surtout besoin d’une révolution mentale », d’une « nouvelle grammaire productive », estime-t-il. Passionnant, son livre brosse un état des lieux des progrès et des graves lacunes de l’industrie (BTP, automobile…), autant de secteurs gaspilleurs de matériaux et piètres élèves en matière de recyclage. L’auteur s’inquiète aussi de l’explosion énergivore du numérique, qui représente aujourd’hui 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2025. La sophistication des produits (une voiture contient « 30 000 pièces »), l’exploitation des métaux rares « sans scénario de réduction des flux » ne sont plus tenables. Qu’il s’agisse de low tech, d’énergie ou de fabrication, nous n’avons d’autre choix que d’aller « vers une sobriété de conception qui reste à inventer », estime-t-il. Mais attention : Pierre Veltz ne croit pas « dans la révolution verte » du capitalisme pour aborder ce virage : la confiance de nos gouvernants « envers les marchés » face à l’enjeu écologique est « angélique », dit-il. Il se montre également sceptique sur la taxe carbone (passage très intéressant du livre), une mesure « socialement inéquitable », selon lui. Et simplement « verdir » n’est pas une solution « ni un projet de société. »

L’auteur jette donc les bases d’un autre modèle. Mettant en avant une « hyper-industrie » qui s’orienterait nettement vers une « économie des usages » et l’essor des expérimentations locales dans l’économie du partage, pourquoi ne pas encourager ces tendances ? Avec un « État pilote », qui laisserait la main aux maires et aux partenariats public-privé, cette transition locale serait possible. Mais Pierre Veltz va plus loin : la santé au sens large et les métiers « non dégradés » du lien social seraient les piliers de ce système « d’économie humano-centrée ». L’auteur donne un aperçu des atouts possibles, dans la création d’emplois ou les énergies renouvelables. Le propos étayé n’a rien de candide : « Le localisme ne suffira pas à nous sortir d’affaire », admet-il, mais donne « une boussole. » Cela n’empêche pas une planification politique pour « entraîner » la société vers la transition écologique. Mais l’heure n’est pas à l’empilement des plans. L’ingénieur sociologue appelle à une vision « systémique » de l’écologie – qui fait tant défaut aux politiques françaises et européennes, comme aux entreprises, d’ailleurs. Une réflexion intelligente.

Auteur

  • Lydie Colders