Si les entreprises ont pris conscience de l’importance de leur rôle en matière de lutte contre le réchauffement climatique, au point que 85 % d’entre elles cherchent à réduire leurs émissions de CO₂, selon une étude de BCG GAMMA, l’entité d’intelligence artificielle et de data science du Boston Consulting Group, la même étude, récemment rendue publique, montre que pour l’heure, très peu arrivent à mesurer ces émissions. De fait, seules 9 % des entreprises le font de manière précise, qu’il s’agisse des émissions directement liées à leurs activités ou indirectement, via celles de leurs fournisseurs, par exemple. Or si les entreprises n’ont pas la capacité de mesurer leurs émissions, « comment peuvent-elles fixer les bons objectifs de réduction ? », s’interroge Sylvain Duranton, directeur monde de BCG GAMMA et co-auteur du rapport. Il donne l’exemple d’une société de la grande distribution « qui ne décomposait pas et ne mesurait pas ses émissions liées à ses bouteilles en verre par entrée – c’est-à-dire par type de fournisseur, couleur, matériaux ou pays d’origine. Lorsqu’elle l’a fait, elle a constaté que les émissions étaient 45 % plus élevées que celles mesurées initialement », dit-il.

Intitulée Use AI to Measure Emissions Exhaustively, Accurately, and Frequently, cette étude a été réalisée auprès de cadres ayant une responsabilité décisionnelle en matière d’émissions de CO₂ dans 1 290 organisations de douze pays et dans neuf secteurs d’activité. Il en ressort d’abord que seules 11 % des entreprises interrogées ont réduit leurs émissions de CO₂ à hauteur de leurs ambitions dans les cinq dernières années. L’une des raisons de ces manquements tient à la mesure des émissions.

L’enquête révèle ainsi que les entreprises ne mesurent pas leurs émissions de manière exhaustive. Ainsi, 81 % d’entre elles omettent certaines de leurs émissions internes (celles liées aux activités de l’entreprise) dans leurs rapports, et 66 % ne déclarent aucune de leurs émissions externes (celles liées à la chaîne de valeur de l’entreprise) alors qu’elles comptent pour 90 % de la moyenne totale des émissions. Et les entreprises ne le font pas non plus avec précision. Elles s’appuient aujourd’hui sur des estimations dont la marge d’erreur est évaluée entre 30 % et 40 %, selon l’étude de BCG GAMMA… Enfin, elles ne les mesurent pas fréquemment – 53 % des entreprises déclarent ainsi avoir des difficultés à prendre des décisions et à en analyser les résultats du fait de la rareté des mesures réalisées – ni même automatiquement : 86 % enregistrent et déclarent encore leurs émissions de CO₂ manuellement à l’aide de feuilles de calcul Excel et seules 22 % d’entre elles ont des processus automatisés ! Seule consolation, 87 % des entreprises interrogées souhaitent aujourd’hui accroître les périmètres analysés dans les reportings de leurs émissions de CO₂, et 66 % souhaitent les mettre à jour plus régulièrement. Et seule solution, pour le BCG GAMMA, la technologie et particulièrement l’intelligence artificielle (IA). « Les nouveaux outils technologiques assistés par l’IA jouent un rôle crucial pour faire passer les entreprises au niveau supérieur de la mesure et du reporting, et finalement les accompagner dans la réduction massive de leurs émissions, souligne Charlotte Degot, directrice associée au BCG GAMMA et co-auteure de l’étude. Nous estimons que l’IA permet de réduire les émissions d’une entreprise jusqu’à 40 % grâce à l’identification des meilleures initiatives, au suivi des résultats et à l’optimisation des opérations de l’entreprise. »