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Le point sur

Vers une professionnalisation des animateurs de tiers lieux

Le point sur | publié le : 25.10.2021 | Dominique Perez

 

Pour faire perdurer et développer ces nouveaux « réceptacles » d’activité, concilier activités sociales et solidaires et impératifs économiques… des réseaux d’accompagnement et des formations se créent. En attendant l’émergence d’une véritable filière professionnelle ?

Véronique, conseillère numérique à Nantes au sein d’une association, souhaite se professionnaliser avant la création, avec d’autres membres, d’un tiers lieu axé sur l’accès au numérique prioritairement destiné aux femmes, assorti d’un volet fablab. Pour ce faire, elle a choisi « Conseiller numérique France services », une formation certifiante que l’État a lancée et financée en 2020, dans le cadre de France relance, et qui prévoit de former 4 000 conseillers. Proposée dans 11 régions, organisée par Simplon.co (organisme de formation spécialisé en numérique), elle a semblé à Véronique pouvoir accompagner son projet, avec un enseignement « très axé sur des actions très diversifiées et inclusives autour du numérique, que l’on rencontre dans les tiers lieux », dit-elle. Quelque 6 300 emplois ont été créés directement pour animer et faire vivre ces espaces en 2018, un chiffre qui ne cesse d’augmenter (voir plus bas). Ce sont des animateurs de recherche citoyenne, des pédago-makers, des médiateurs numériques, des ingénieurs de projets collectifs, des analystes des usages, des hackers, des designers de solutions, des fab-managers… Pour répondre à ces métiers nouveaux, listés dans le dernier rapport de France tiers lieux, des formations fleurissent donc. Avec un accent mis sur le profil d’animateur, pilote ou facilitateur de ces espaces. Si 51 % des tiers lieux sont gérés par des bénévoles, près de 60 % comprennent des salariés pour les fonctions de gestion et d’animation.

Une offre de formation en devenir

Un des premiers cursus spécifiques a été initié par la Coopérative des tiers lieux basée en Aquitaine, région pionnière dans la constitution d’une structure d’aide portée par une collectivité régionale. « Le premier besoin identifié est d’aider à structurer le phasage des projets de création, explique Chloé Rivolet, responsable du réseau des tiers lieux à la Coopérative. C’est la raison pour laquelle nous proposons une formation longue, de neuf mois, en alternance, intitulée Piloter un tiers lieu. Un moyen de valoriser une fonction « pas toujours suffisamment reconnue, notamment du point de vue salarial », estime Chloé Rivolet. Et avec des statuts qui compliquent encore la situation : salariés d’une association, agents de la fonction publique voire rémunérés en prestations de services… « En moyenne, en Nouvelle Aquitaine, pour un équivalent temps plein, le salaire mensuel moyen est de 1 400 euros nets, c’est peu par rapport aux missions et au temps de travail, qui déborde souvent des 35 heures », souligne-t-elle. La problématique de la professionnalisation et du salariat des animateurs de tiers lieux, si elle commence à émerger, n’a cependant pas le même niveau de maturité dans toutes les régions. « En Pays de la Loire, nous sommes plus au début de la réflexion sur ce thème de la professionnalisation d’animateurs, constate Léa Durieux, chargée de développement économique à la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) des Pays de la Loire. Pour le moment, par exemple, nous constatons peu d’évolution du nombre de salariés employés par des tiers lieux. » La Cress a lancé officiellement en décembre 2018 un collectif d’aides aux tiers lieux souhaitant s’inscrire dans l’économie sociale et solidaire. Elle a choisi dans ce cadre de proposer la formation Piloter un tiers lieu, qui a déjà accueilli 25 porteurs de projets, « ayant souvent vocation à créer leur emploi », constate Léa Durieux. Une tendance qui ne demande donc qu’à se confirmer…

 
En chiffres

• Plus de 2 500 tiers lieux identifiés.

• 52 % des tiers lieux sont situés en dehors des grandes métropoles.

• 6 300 emplois directs estimés.

• Chiffre d’affaires : 248 million s d’euros.

Source : Rapport de l’association France tiers lieux, 2021

Auteur

  • Dominique Perez