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Formation : La réalité virtuelle vient au secours des secouristes

Sur le terrain | publié le : 18.10.2021 | Lucie Tanneau

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Formation : La réalité virtuelle vient au secours des secouristes

Crédit photo Lucie Tanneau

En se rapprochant du réel, cette technique permet de compléter la formation. Et les gestes qui sauvent sont mieux retenus. Autre atout : la réalité virtuelle motive les salariés à devenir sauveteurs.

Tous les sauveteurs secouristes du travail (SST) ont vécu ce moment où, en formation, il faut devenir cobaye et faire semblant de faire un malaise. Les collègues rigolent un peu, et l’on retient davantage la scène que les gestes enseignés dans la foulée… En outre, malgré l’obligation légale – tout employeur se doit en effet de mettre en place dans son entreprise des moyens de secours adaptés, dans l’objectif de prendre en charge le plus rapidement possible un salarié qui serait victime d’un accident du travail, d’une détresse médicale ou d’un état pathologique – ce qui passe entre autres par la mise à disposition de moyens humains à travers la formation de personnels aux gestes et secours d’urgence. Mais certaines entreprises ont du mal à motiver leurs salariés à devenir sauveteurs.

C’est là que la réalité virtuelle entre en piste. « Un laboratoire pharmaceutique est venu nous chercher en raison de ce manque de candidats volontaires », relate ainsi Laurent Koucem, dirigeant de 4D Créa, un studio de conception et de création spécialisé dans la réalisation d’expériences innovantes, immersives et interactives, qui a conçu la solution de réalité virtuelle Irwino. « Nous avons développé une simulation d’attentat dans un parc, avec, à la fin de l’histoire, trois collaborateurs blessés : cela vise à faire prendre conscience à la personne immergée que les premiers gestes sont, dans ces cas-là, indispensables. Mieux vaut donc les avoir appris avant un accident… Et 80 % de ceux qui ont vu la simulation se sont ensuite inscrits pour devenir sauveteurs », se félicite-t-il.

Les formations SST en réalité virtuelle existent déjà. La solution Irwino arrive en complément. Elle n’offre pas de diplôme, mais permet une sensibilisation avant la formation et une révision. Onze scénarios de cinq minutes ont été imaginés, tous réalistes dans un cadre d’entreprise : un collaborateur se blesse ou fait une crise cardiaque sur le parking… En outre, le déroulé est adapté en fonction du secteur. Pour l’heure, à celui de l’industrie, du bâtiment, de la logistique et du tertiaire. Des scénarios seront prochainement développés plus spécifiquement pour les salariés de l’aide à la personne et de l’hôtellerie. Une façon de marquer davantage les salariés qui mettent le casque de réalité virtuelle. Le créateur de la solution s’est d’ailleurs fait aider par trois secouristes professionnels pour la concevoir. Casque sur la tête, le salarié n’a besoin que d’un espace de 3 m2 pour s’immerger dans les mondes parallèles créés, et vivre les événements qui lui permettront de s’imaginer en position de protéger, d’alerter puis de secourir.

Ancrage mémoriel

Autre atout, « la réalité virtuelle, qui se rapproche vraiment du réel, permet un ancrage mémoriel fort, du fait qu’elle arrive à provoquer des émotions, ce qui ne se produit pas lorsque l’on fait semblant avec des collègues, poursuit Laurent Koucem. Le cerveau a l’impression d’avoir vécu la situation et les gestes à faire sont ainsi mieux retenus, explique-t-il. Évidemment, pour mettre quelqu’un en position latérale de sécurité (PLA), il faut s’entraîner sur une vraie personne. C’est pour ça que le casque ne remplace pas la formation. » Mais il peut être utilisé en remplacement des moments où d’habitude les salariés miment les scènes, ou à l’issue de la formation théorique pour rappeler les gestes déjà répétés. D’autant qu’un petit questionnaire est intégré, permettant de mémoriser les gestes à faire en cas de plaie profonde, de brûlure, d’arrêt cardiaque…. comme une validation des compétences acquises.

Gain de temps

Nicolas Poussart, par le biais de sa société de formation, Preventirisk, a déjà utilisé Irwino pour près de 500 salariés. « Le casque de réalité virtuelle est intégré aux journées de formation, dit-il. C’est un outil complémentaire, qui permet au formateur de reprendre le déroulé de son cours avec les questions-réponses à la fin des scénarios afin de vérifier les connaissances. » Autre atout, le gain de temps. De fait, pour chaque situation d’urgence, un formateur doit normalement faire une démonstration, compliquée et pas toujours réaliste. De quoi perdre les personnes en formation.

Auteur

  • Lucie Tanneau