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Lille-Hellemmes-Lomme : Le dilemme des 35 heures… chez la dame des 35 heures

Le point sur | publié le : 18.10.2021 | Benjamin D’Alguerre

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Lille-Hellemmes-Lomme : Le dilemme des 35 heures… chez la dame des 35 heures

Crédit photo Benjamin D’Alguerre

Sur le papier, tout aurait pu se passer au mieux. Dans le fief d’une ancienne ministre du travail, compagne de route de longue date du syndicalisme réformiste, à l’origine d’une loi emblématique sur la réduction du temps de travail, la négociation sur l’application des 1 607 heures annuelles pour les 5 300 agents municipaux des villes de Lille, Lomme et Hellemmes, aurait pu déboucher sur un accord mieux-disant et innovant. Las. « Martine Aubry a oublié son passé syndical… », soupire Pierre Herbaux, cosecrétaire du syndicat CGT des territoriaux actifs et retraités de l’agglomération. Pour cet animateur de ferme pédagogique, la négociation, conduite par l’élu municipal en charge des RH Martin David Brochen – pourtant un ancien de la CFDT –, aura abouti à un résultat parfaitement « légaliste » vis-à-vis de la réforme de la fonction publique territoriale voulue par le gouvernement. En conséquence, au 1er janvier prochain, lors du passage de 1 519 heures de travail à 1 607 heures, les 6 000 agents territoriaux des trois communes pourront dire adieu à leurs 30 jours de congés annuels ainsi qu’aux cinq jours extralégaux dont ils disposaient (congé spécial le lundi suivant la braderie de septembre pour les agents ayant travaillé ce week-end, congés d’ancienneté…) remplacés par 25 jours par an, assortis de huit jours de RTT… que leur chef de service pourra, en outre, leur imposer en fonction des besoins. Sur le plan hebdomadaire, les employés municipaux de catégories B et C passeront à un temps de travail de 36,5 heures, qui montera à 39 pour les cadres de catégorie A. Quant aux négociations attendues sur la pénibilité (2 000 équivalents temps plein sur 5 300 sont concernés) et sur la titularisation de 80 assistantes municipales, elles risquent d’être reportées aux calendes grecques dans cette nouvelle configuration.

Côté syndical, l’accord a été approuvé par FO, la CFDT et le syndicat autonome des agents territoriaux de l’agglomération (ex-Unsa). Mais c’est surtout au sein de la majorité municipale que le passage aux 1 607 heures a profondément divisé, le groupe PCF, pourtant associé à l’équipe PS, l’ayant rejeté… soutenu en cela par les écologistes de l’opposition ! Toujours du côté de l’opposition, l’équipe Aubry a pu compter sur le soutien du groupe LREM conduit par l’ancienne directrice de cabinet de la maire lors de son précédent mandat, Violette Spillebout, ajoutant encore un peu plus à la confusion ambiante. Il n’empêche, la nouvelle durée du travail sans augmentation de salaire pourrait entraîner la fin de l’appétence pour les carrières d’agents municipaux ou pour les changements de carrière internes, provoquant des pénuries de compétences, comme le redoute la CGT. « À la dernière rentrée, les 330 postes ouverts dans l’encadrement d’enfants n’ont intéressé que 100 candidats », indique ainsi Pierre Herbaux.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre