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Le point sur

« Les collectivités constituent par essence le lieu de l’innovation sociale »

Le point sur | publié le : 18.10.2021 | B.D’A.

La commune ou la métropole peuvent-elles constituer des espaces d’innovation pour le dialogue social ?

Les collectivités locales, et plus particulièrement la commune, constituent par essence le lieu de l’innovation sociale. C’est ainsi que depuis 2008, je conduis une politique RH et de dialogue social profondément pionnière, et à bien des égards, unique dans la fonction publique, qui s’inspire de toutes les bonnes pratiques, qu’elles viennent du privé ou du public. Il ne faut pas attendre « la grande loi » qui viendra d’en haut, mais aller le plus loin possible au niveau local pour bousculer les pratiques et faire avancer la culture du dialogue social, qui est malheureusement faible dans notre pays.

Comment ce désir d’innovation se traduit-il dans la ville dont vous êtes l’élue ?

À Suresnes, j’ai créé, dès 2009, un pacte de confiance avec les syndicats, à travers la signature d’une Charte de reconnaissance du parcours syndical, un texte unique en France, qui permet de favoriser l’engagement syndical et de mieux reconnaître les compétences acquises dans le cadre d’un mandat. C’est un vrai changement de paradigme, et c’était la condition sine qua non pour créer les conditions d’un dialogue social riche, apaisé et constructif. Pour preuve, en douze ans, nous avons signé 36 accords « gagnant-gagnant », la plupart inédits dans la fonction publique, et nous n’avons eu qu’une demi-journée de grève pour raisons locales ! Si une commune comme la nôtre, avec près de 50 000 habitants, a pu le faire, c’est parce que c’est le fruit d’une volonté politique. J’ai considéré, dès le départ, que le dialogue social n’était ni un coût ni une dépense, mais un investissement pour conclure des accords au bénéfice de tous ! Suresnes est désormais un véritable laboratoire de l’innovation sociale, et de nombreuses collectivités, comme Paris, Lyon ou Marseille, ont souhaité imiter notre méthode singulière. Notre modèle a même été salué par l’OIT comme « concret, réussi et transposable » et nous sommes aujourd’hui une source d’inspiration pour les plus grandes entreprises françaises (EDF, Total, Carrefour), à travers notre participation au Global Deal.

La question du passage aux 1 607 heures a été perçue comme une reprise en main de l’État sur le dialogue social territorial. Cela peut-il avoir des conséquences durables en matière de confiance entre élus et représentants des agents ?

Il peut y avoir des sujets sur lesquels on regrette le manque de marge de manœuvre des collectivités, mais on ne peut pas contester une loi très claire votée par le Parlement, à laquelle le public comme le privé doivent se soumettre. Nous sommes dans un État unitaire mais qui laisse de fortes marges de manœuvre, même si elles pourraient être encore plus grandes. Beaucoup de choses peuvent ainsi être faites au niveau des collectivités locales dans le cadre légal actuel. J’ai pu mettre en place le régime indemnitaire au mérite à la hausse et à la baisse, et des activités sportives et culturelles sur le temps de travail, inscrites dans le plan de formation, sans déroger aux 1 607 heures, en utilisant les marges de manœuvre offertes par la loi !

Auteur

  • B.D’A.