Certains observateurs appellent cela le paradoxe australien. D’une part, les femmes atteignent l’un des meilleurs taux d’éducation des pays riches, et de l’autre, elles ne cessent de perdre du terrain en ce qui concerne leur participation au monde du travail. Selon le Forum économique mondial, la proportion d’Australiennes au travail se situe même derrière celle du Kazakhstan, de la Serbie et du Zimbabwe… Les réseaux masculins et les a priori sont en effet bien ancrés dans le pays. Et, bien sûr, alors que les femmes ont déjà du mal à se faire embaucher, être promues relève ensuite du parcours du combattant. En outre, la pandémie a fait des ravages : seule une femme sur 23 nouveaux dirigeants d’entreprise a été nommée ces derniers mois, et sur les 200 plus grandes sociétés cotées, le nombre de femmes PDG est passé de 14 à 10. De même, l’écart salarial entre les hommes et les femmes s’est récemment aggravé, pour s’inscrire sur les niveaux de 31,3 %. Seule consolation, le 21 septembre dernier, le gouvernement a actualisé la loi sur le harcèlement sexuel au travail, en vue d’apporter davantage de protection aux femmes et de leur donner plus de possibilités de rapporter des faits. Encore que… non seulement le budget du site Web, Respect@work, censé aider les entreprises à éviter le harcèlement sexuel n’est pas doté d’un budget adéquat, selon les parlementaires progressistes, mais en plus, cela faisait plus d’un an que le projet était dans les cartons, sans que le gouvernement ne s’agite pour le concrétiser. Enfin, les autorités ont aussi été critiquées pour ne pas avoir inclus dans la nouvelle la loi une obligation faite aux employeurs d’éliminer le harcèlement sexuel. En 2018, une enquête de la Commission australienne des droits humains révélait que deux femmes sur cinq (39 %) avaient été victimes de harcèlement sexuel au travail sur les cinq années précédentes.