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Mentorat : une relation gagnant-gagnant

Le point sur | publié le : 11.10.2021 | Irène Lopez

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Mentorat : Une relation gagnant-gagnant

Crédit photo Irène Lopez

 

Quand Marlène Cameni, une jeune Camerounaise, excellente élève, arrive en France pour poursuivre ses études, son école d’ingénieurs l’encourage à suivre un programme de mentorat. Et lorsqu’une ingénieure, brillante et empathique, est informée de la possibilité de devenir mentor, elle s’engage aussitôt.

À 22 ans, Marlène Cameni est en 5e année d’ingénierie à Polytechnique. Une fois son baccalauréat obtenu au Cameroun, elle est venue poursuivre ses études en France. Elle rêve d’être ingénieure dans l’électronique embarquée. En 2019, elle s’est installée dans une résidence d’étudiants qui propose de nombreuses activités, dont le mentorat. Un soutien qui est d’ailleurs fortement conseillé à tous les élèves par les professeurs. C’est en décrochant son admission à Polytechnique que la jeune étudiante est mise en contact avec sa mentor, Wendi Urribarri, 39 ans, software safety manager chez Renault, elle-même issue d’une école d’ingénieurs. Depuis trois ans, Marlène Cameni et Wendi Urribarri sont mentorée et mentor. « J’étais très intimidée. Elle m’a mise à l’aise tout de suite. Nous discutons environ une fois par mois. S’il y a une urgence ou juste pour prendre des nouvelles, nous nous appelons en vidéo », explique l’étudiante.

Leurs discussions concernent différents domaines, même si ce sont les problématiques scolaires qui priment. Jusque dans les détails. « Sur les conseils de ma mentor, j’utilise des outils numériques pour mieux m’organiser », poursuit ainsi Marlène Cameni. Et bien sûr, sa mentor l’a mise en contact avec des professionnels qui lui ont donné leur avis sur son CV. « Elle me soutient moralement et répond aussi à mes questions en ce qui concerne les relations avec mes camarades, professeurs ou supérieurs. Je ne viens pas du même milieu qu’eux, je ne pense pas forcément comme eux et je ne veux pas commettre d’impairs », confie encore la jeune Camerounaise. Ainsi, lorsqu’elle intègre un groupe distributeur d’électroménager dans le cadre de son projet de fin d’études, Marlène Cameni travaille sans compter et ne sait pas comment se soustraire à des horaires qui n’en finissent plus. Wendi Urribarri, avec toute la sagesse d’une salariée aux nombreuses années d’expérience, l’a guidée pour dire non à son supérieur – sans le mettre mal à l’aise… Elle lui a donné les clés pour communiquer sereinement et trouver un accord satisfaisant pour les deux parties. « J’aurais mis des années à expérimenter ce genre de solution par moi-même », avoue Marlène Cameni.

Le mentor n’est pas un manager

C’est en tombant par hasard sur la publicité d’une association pour l’égalité des chances que l’idée de devenir mentor est venue à Wendi Urribarri, pour plusieurs raisons. « Le thème des opportunités est important pour moi », dit-elle. En outre, elle se souvient que, pendant ses études, elle a mal géré son temps et s’est trompée. Enfin, « mon insertion professionnelle a été difficile, ajoute-t-elle. Je suis Franco-Colombienne et je suis mère, ce que mes supérieurs pouvaient me reprocher… À l’époque, j’aurais aimé avoir de l’aide, être conseillée et encouragée. » Elle a donc décidé de donner à un jeune ce qu’elle aurait aimé recevoir. « Aider les autres est important tant que c’est sincère et authentique. C’est même essentiel pour se sentir bien soi-même. Et ce, même avec un emploi du temps déjà bien chargé », conclut-elle.

Wendi Urribarri cherche ses mots pour définir son action. Ce n’est pas du management, dit-elle, mais plutôt du coaching. Mais la mentor ne donne pas toutes les réponses à la mentorée. « Je vais chercher les réponses dans sa tête, poursuit-elle. Je l’aide à exprimer ses désirs, ses souhaits, et à les réaliser en lui ouvrant mon réseau, en lui donnant confiance en elle. » Autant d’avantages pour Marlène Cameni. « J’ai beau discuter avec ma famille, mon père et ma mère ne comprennent pas tous les domaines techniques que j’étudie. Avec Wendi, j’ai des conversations utiles sur le plan scolaire, professionnel et personnel. De tous nos échanges, je tire des leçons de vie pour plus tard. Elle me donne une vision, une trajectoire. Je l’admire beaucoup. J’aimerais avoir une carrière comme la sienne », souligne de son côté la jeune étudiante, qui rêve d’être recrutée par Renault, PSA ou Altran.

La relation avec sa mentorée est également un atout pour Wendi Urribarri. « L’échange avec une personne si jeune permet aussi de découvrir des facettes de ma propre personnalité, ma façon de réfléchir, mes capacités de conseil et de leadership », résume-t-elle, pour conclure qu’en France, « il y a beaucoup de managers mais peu de leaders. Je conseille à tous les actifs de mentorer un jeune. Les DRH devraient s’emparer du mentorat et en faire un vrai sujet au sein de l’entreprise. »

Auteur

  • Irène Lopez