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Le mentorat, Un atout pour tous

Le point sur | publié le : 11.10.2021 | Irène Lopez

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Insertion professionnelle : Le mentorat, Un atout pour tous

Crédit photo Irène Lopez

 

S’il est « mentoré », un jeune a nettement plus de chances de décrocher un job, selon une récente étude Ipsos. En avril dernier, pour aider les jeunes à trouver un poste, le gouvernement a lancé le plan « 1 jeune 1 mentor », avec pour ambition d’avoir 200 000 bénéficiaires de ce système en 2022. Exploration d’un dispositif encore mal connu, mais prometteur.

C’est grâce à l’appui d’une dirigeante d’entreprise que Steves Hounkponou, né au Bénin en 1984, a pu rebondir. Directeur commercial dans un grand groupe de luxe, il avait atteint un plafond de verre, aucune promotion ne s’offrait plus à lui. Il s’essaie à l’entrepreneuriat, mais échoue après avoir tenté de créer seul son entreprise. C’est alors qu’il décide de se tourner vers des chefs d’entreprise inspirants. L’une d’entre eux accepte de l’aider et le fait accéder à son réseau. S’il est aujourd’hui influenceur, auteur et coach, « c’est grâce à elle, dit-il. J’ai réussi à faire en un an ce que j’aurais mis dix ans à réaliser seul ! » Autant dire qu’ils ont été mentor et mentoré. Sans forcément le savoir…

Selon une étude Ipsos pour Article 1, une association qui lutte pour l’égalité des chances, parue début octobre, seuls 48 % des actifs en France ont entendu parler du mentorat. Et alors que 81 % des personnes interrogées estiment qu’il est difficile pour un jeune d’avoir confiance en l’avenir, surtout dans le contexte actuel, si le concept leur est expliqué, elles y adhèrent d’emblée. Parmi les bénéfices mis en avant, les conseils pratiques, différents de ceux que Pôle emploi peut donner, un soutien moral en cas de difficulté et une meilleure confiance en eux pour les bénéficiaires. D’autant que le mentorat est avant tout perçu comme un moyen d’aider les jeunes qui n’ont pas de relations.

« Le réseau est un phénomène accélérateur, confirme Fabienne Arata, country manager France chez LinkedIn. Le milieu et le quartier d’origine, les études suivies et l’entreprise dans laquelle un stage est effectué constituent trois piliers qui donnent trois fois plus de chances de se constituer un réseau personnel qui accélérera ensuite le parcours professionnel. » Selon les statistiques de ce réseau social, 70 % des recrues sont des candidats qui disposent d’une relation dans l’entreprise. Doit-on alors parler d’élitisme ? « Non, répond Fabienne Arata. Cette image est à déconstruire. C’est même un fantasme qui engendre l’inhibition. Faire partie d’une association sportive, c’est déjà se construire un réseau… »

Dès le mois d’avril dernier, le gouvernement a lancé le plan « 1 jeune 1 mentor », doté d’un budget de 16 millions d’euros, avec l’ambition de faire bénéficier 100 000 jeunes à la fin de cette année puis 200 000 en 2022 de ce dispositif, qui permet à un actif ou un retraité d’accompagner des jeunes, parfois dès le début du collège, sur le moyen-long terme, en leur consacrant une à deux heures par mois. L’idée est donc de susciter un intérêt chez les jeunes, et des vocations chez les mentors potentiels.

Certains le sont déjà, comme Youssef Badr, ancien porte-parole du ministère de la Justice et mentor depuis trois ans. Il accompagne des étudiants de l’IUT de Villetaneuse (Seine–Saint-Denis), dont Marwan, qui a décidé de s’orienter vers un parcours de commercial. Le jeune homme avait envoyé en vain une centaine de CV accompagnés d’une lettre de motivation pour tenter de décrocher une alternance, unique condition pour accéder à la troisième année de son cursus. Et c’est grâce à Youssef Badr qu’il a fini par la trouver, trois jours avant la date butoir… « Combien de Marwan laisse-t-on tomber parce qu’ils n’ont pas eu la bonne rencontre pour les aider ? Je ne dis pas aidé à être meilleur – Marwan est un étudiant brillant – mais aidé à activer le bon réseau », déplore Youssef Badr. L’ancien porte-parole est d’ailleurs un ancien mentoré. « Il y a vingt ans, on ne parlait pas de mentorat. En quatrième année de droit à l’université de Villetaneuse, j’ai eu un échange informel avec mon professeur de droit. Il m’a demandé ce que je comptais faire. Je suis un gamin de banlieue et, à l’époque, je ne voyais comme perspective que le concours d’avocat, car l’École nationale de la magistrature me paraissait inaccessible. Mon professeur m’a aidé. En me faisant tout d’abord franchir le périphérique, en me donnant confiance en moi, en me faisant rencontrer des personnes auxquelles j’ai pu m’identifier », se souvient-il.

Cela a été également le cas d’Ahcène Abbar. Collégien, il rêvait déjà de devenir ingénieur en informatique. « Je me suis renseigné. Le prix des études n’entrait pas dans mon budget », dit-il. Une conseillère d’orientation lui a toutefois parlé d’un parcours, qu’il a tenté. « Mais c’est grâce à Christophe, mon mentor, que je me suis accroché, poursuit-il. Il m’a inspiré. Son parcours ressemble au mien. Il occupe un poste de direction au sein d’une grande entreprise. J’y ai rencontré des professionnels de l’informatique à qui j’ai pu poser des questions. Cela m’a motivé. »

Un vivier de salariés prêts à s’investir

Selon le sondage Ipsos, la moitié des actifs interrogés se disent intéressés par le mentorat. Et 66 % d’entre eux souhaiteraient que leur entreprise le propose. D’après le portrait-robot dressé par Article 1, l’actif prêt à devenir mentor a moins de 35 ans, fait partie d’une catégorie socioprofessionnelle plutôt élevée et travaille dans le secteur des services. Les arguments en faveur de leur investissement sont nombreux. Les principales motivations résident dans le fait de se sentir utile et de donner du sens (pour 53 % des personnes interrogées), la volonté de donner aux jeunes, catégorie qu’elles estiment insuffisamment aidée en France (36 %). Enfin, très peu déclarent vouloir le faire par intérêt personnel pour leur carrière, mais 83 % estiment en revanche qu’une expérience de mentor est un atout dans leur parcours.

Une bonne nouvelle, donc, d’autant que, toujours selon l’enquête d’Ipsos, grâce au mentorat, la réussite en première année de classes préparatoires aux grandes écoles augmente de 12 %, tandis que le taux d’abandon baisse de 32 %. De même, au niveau bac + 5 et plus, la probabilité d’être en emploi six mois après la sortie des études augmente de 28 %. Enfin, au niveau master, la probabilité d’être en emploi après un tel diplôme augmente de 14 %. Mieux, la valeur du salaire moyen augmente de 15 % pour un mentoré.

Auteur

  • Irène Lopez