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Le CDI universel, arme absolue anti-chômage ?

L’actualité | publié le : 11.10.2021 | Benjamin d’Alguerre

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Le CDI universel, arme absolue anti-chômage ?

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Un CDI « universel et portable » pour en finir avec le chômage et la précarité : telle est l’idée présentée par le député Olivier Becht, fin septembre. Rencontre.

Pouvez-vous détailler le CDI universel que vous présentez comme la solution au chômage et à la précarité ?

Cette idée m’a été inspirée par deux dispositifs : Territoire zéro chômeur de longue durée (TZCLD), qui permet de transformer les différentes allocations et aides perçues par un demandeur d’emploi en salaire contre un travail réalisé dans une entreprise à but d’emploi (EBE), et le CDI intérimaire (CDII) imaginé par le secteur du travail temporaire [contrat qui permet de faire de l’agence d’intérim l’employeur du travailleur temporaire et ainsi de lui proposer des missions à l’année entrecoupées de périodes de formation pour « lisser » sa rémunération, NDLR]. C’est l’addition de ces deux initiatives qui pourrait donner naissance au CDI universel, mais pas en l’état car TZCLD est limité par le fait qu’il concerne une gestion de stock de demandeurs d’emploi plutôt que de flux et qu’il ne concerne que le secteur non concurrentiel. Il s’agirait donc de cesser de faire gérer ce stock par les acteurs publics de l’emploi (Pôle emploi, missions locales…) pour les transformer, grâce à des associations avec des structures privées, en « entreprises pour l’emploi » (EPE), placées sous la direction de l’État qui deviendraient employeuses des demandeurs d’emploi, avec mission de les placer au sein d’entreprises ayant besoin de main-d’œuvre sur des postes équivalents ou proches de l’ancien emploi occupé (dans un rayon raisonnable autour de leur domicile) ; de réaliser des partenariats avec des organismes de formation pour les qualifier en fonction des besoins du marché du travail et, s’il n’est vraiment pas possible de leur trouver une place en entreprise, de continuer à les rémunérer en échange d’une quinzaine d’heures de travail d’intérêt général par semaine. Ce dispositif permettrait ainsi à la fois de réduire la pauvreté et d’offrir plus de liberté aux salariés et aux entreprises grâce à la possibilité de passer d’un emploi à un autre, puisque ce CDI serait portable.

Comment serait financé ce dispositif ?

Les allocations chômage coûtent chaque année 80 milliards d’euros environ à la collectivité. Le CDI universel remplacerait les diverses allocations versées (indemnités chômage, RSA…) et le salaire d’éventuels CDD occupés en rémunération mensuelle calculée selon la qualification et l’ancien salaire du demandeur d’emploi, mais jamais inférieure au Smic ! Ce droit au CDI universel serait ouvert à toute personne sans travail dès la fin de son cycle d’études, ce qui rendrait caduc le problème des jeunes inéligibles au RSA.

Votre projet a-t-il reçu le soutien d’économistes ou de syndicalistes (patronaux ou représentant des salariés) ?

J’ai surtout, en tant qu’élu local, rencontré des demandeurs d’emploi, des salariés et des chefs d’entreprise. Mais cette idée de CDI universel ne vient pas de nulle part. Plusieurs économistes, comme Jean Tirole, Pierre Cahuc ou Olivier Blanchard, ont déjà écrit sur un contrat de travail unique qui fonctionnerait peu ou prou sur le modèle du CDI universel ou sur la nécessité de réduire les inégalités de statut.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre