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Sur le terrain

Frans Bonhomme muscle son plan handicap

Sur le terrain | publié le : 04.10.2021 | Lucie Tanneau

 

Grâce à une convention signée avec l’Agefiph, l’entreprise s’engage pour une meilleure inclusion des personnes en situation de handicap. Avec la volonté de prouver aussi que c’est possible – même dans le milieu du bâtiment.

La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a changé l’intégration des personnes en situation de handicap dans les entreprises. Leur taux d’emploi reste fixé à 6 % de l’effectif, mais depuis le 1er janvier 2020, les modalités de calcul ont changé : ce taux n’est plus applicable uniquement dans les sites de plus de 20 personnes, mais à l’ensemble de l’entreprise.

Pour Frans Bonhomme, spécialisée dans la distribution en travaux publics, bâtiment et aménagement extérieur, et ses 400 sites en France, quasiment tous de moins de 20 salariés, cette mesure a conduit à une réflexion plus poussée sur le handicap. « Nous avons décidé d’avoir une politique plus ambitieuse », indique Christine Bignand, juriste dans l’entreprise, nommée référente handicap fin 2018. Selon le premier diagnostic mené en 2019 avec l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), le taux d’emploi de personnes en situation de handicap est de 1,85 %.

Pour l’augmenter, l’Agefiph propose de signer une convention, assortie d’un plan d’action et d’objectifs sur trois ans. La signature a eu lieu en juillet dernier, en présence d’Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Brigitte Klinkert, ministre déléguée, chargée de l’insertion, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État, chargée des personnes handicapées. La convention se décline en sept axes : sensibilisation et formation, information et communication, recrutement et intégration, accompagnement des parcours professionnels, maintien dans l’emploi, collaboration avec le secteur protégé et adapté, et pilotage de la politique handicap.

Davantage de recrutements

« Sur la partie recrutement, nous avons déjà avancé », se félicite Christine Bignand. Le taux de personnes ayant la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est passé à 3,3 % aujourd’hui. « L’objectif est de 4 % à la fin de l’année, de 5 % en 2022 et de 6 % en 2023 », poursuit-elle. Grâce à des recrutements extérieurs mais aussi à des reconnaissances en interne. « Je veux créer un climat de confiance qui fasse que les personnes ayant des handicaps osent les déclarer. Je les accompagnerai ensuite à monter le dossier auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), qui permet des adaptations de poste », ajoute-t-elle.

Pour Laura Soulat, qui a d’abord rejoint l’entreprise pour un stage, fin 2019, puis a obtenu un CDI en tant que gestionnaire de formation, cet accompagnement est précieux. Paraplégique depuis l’âge de 10 ans, elle avait inscrit sa RQTH sur son CV. « Je préfère être discriminée sur le CV plutôt que de me déplacer à un entretien pour rien », assure-t-elle. Elle bénéficie d’un bureau électrique réglable pour qu’il s’adapte à son fauteuil, de toilettes aménagées, d’une place de parking et bientôt, d’une plateforme pour accéder à l’étage. « Tous ces aménagements facilitent mon intégration, dit-elle. Et la référente handicap m’a aussi aidée à monter un dossier de financement pour acheter un fauteuil manuel beaucoup plus léger : il coûte 7 600 euros et seuls 500 euros sont remboursés par la Sécurité sociale. Ce coup de pouce de la part de l’entreprise, c’est un dossier de moins à faire », enchaîne-t-elle, alors qu’elle doit en rédiger de nombreux autres pour son assurance et sa mutuelle… « Je suis en fauteuil depuis longtemps et je n’avais pas de stress particulier vis-à-vis du monde du travail, mais travailler dans une telle entreprise me facilite vraiment la vie », se réjouit-elle.

Privilégier des Ésat

Christine Bignand aimerait recueillir des témoignages, comme celui de Laura, à mettre en avant lorsque l’entreprise accueillera au moins dix personnes en situation de handicap par an, notamment via Cap emploi. « Nous développons aussi la collaboration avec des établissements et service d’aide par le travail (Ésat) et des entreprises adaptées, pour l’entretien des espaces verts de nos points de vente : nous avions des contrats avant, mais désormais, nous privilégierons ces prestataires par rapport à des entreprises plus classiques », poursuit la référente handicap.

« Contrairement aux idées reçues, les secteurs du BTP, du négoce et de la distribution regorgent d’opportunités accessibles à tous », souligne de son côté Pierre Fleck, président du groupe. Car c’est aussi le but de la convention : prouver à tous que « c’est possible de solliciter un emploi dans le BTP quand on a un handicap et possible d’agir pour plus d’inclusion dans ce secteur », conclut Christine Bignand.

Auteur

  • Lucie Tanneau