logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

« Il faut repenser la protection sociale dans son ensemble »

L’actualité | publié le : 04.10.2021 | Gilmar Sequeira Martins

Image

« Il faut repenser la protection sociale dans son ensemble »

Crédit photo Gilmar Sequeira Martins

Le créateur de la Fondation « Travailler autrement » analyse l’évolution de la situation des indépendants et les mesures proposées par Emmanuel Macron. Tandis qu’un nombre croissant de travailleurs souhaitent simultanément plus d’autonomie et plus de sécurité, la question de l’assurance-chômage des indépendants mérite d’être posée.

Quelle est votre analyse des mesures pour les indépendants annoncées par le président de la République ?

Pour apprécier correctement les mesures annoncées pour les indépendants, il faut bien comprendre deux éléments. Le premier, c’est que le monde des indépendants recouvre plusieurs réalités. Il y a ceux nés durant l’après-guerre et ceux issus de l’économie des plateformes. Ils répondent à des besoins différents. Il faut donc de la simplicité et de la clarification. Le second, qu’a révélé la crise de la Covid, c’est la difficulté du monde du travail pour les plus fragiles, ceux qui ne travaillent pas, mais aussi ceux qui travaillent. La crise sanitaire a particulièrement touché les indépendants qui n’avaient pas de protection ad hoc. Pour la première fois, un fonds de solidarité a intégré dans le champ du travail les protections des indépendants. Historiquement, les indépendants voulaient un statut de liberté pour gérer comme ils le voulaient leur propre existence. Mais beaucoup vivent dans des villes moyennes ou des territoires isolés. Et ce qui, autrefois, tenait lieu de protection, c’est-à-dire la vente d’un fonds de commerce ou de terrains, ne fonctionne plus compte tenu d’un phénomène de paupérisation. Les indépendants se sont retrouvés dans des situations telles qu’ils n’étaient plus en mesure d’assurer leur activité, ce qui a soulevé la question du patrimoine, que le plan annoncé par Emmanuel Macron vient précisément protéger. La crise a révélé que ce mode de protection n’était plus efficace. Elle a aussi révélé que la nouvelle fraction des indépendants, les auto-entrepreneurs, sont porteurs d’une problématique à travers laquelle se manifeste une demande d’association entre liberté et protection. C’est un phénomène de société.

Quelle portée peuvent avoir ces mesures ?

Ce plan est le premier en tant que tel pour les indépendants. C’est la première fois que le ministère des Finances traite le sujet avec autant de volonté. C’est vrai pour le fonds de solidarité et c’est aussi le cas pour les mesures annoncées par le président de la République. Ce plan règle des questions aberrantes. Si vous n’avez pas commis de faute de gestion, il est normal que votre patrimoine personnel soit protégé. C’est une question de bon sens. La question de l’assurance-chômage mérite d’être posée, compte tenu de la paupérisation du monde des indépendants. Ce qu’ouvre cette réforme, c’est la perspective d’un grand débat de société dont les termes peuvent être définis de la façon suivante : tout travailleur doit avoir droit à un minimum d’assurance-chômage, puis à un complément qui sera fonction des cotisations versées. Il faut un débat pour repenser la protection sociale de façon transversale au monde du salariat et des indépendants et qu’existe la possibilité de passer d’un statut à un autre.

Quels seront les termes de ce débat ?

L’étape suivante devrait être la remise à plat des enjeux sociaux et fiscaux. La création d’un statut unique de l’entrepreneur est une étape centrale. Ce plan est une avancée sérieuse. Il faut s’assurer dans le futur qu’il soit mis en œuvre de façon forte. Avec ce plan, le gouvernement permet d’aller vers l’indépendance en réduisant les risques. La société doit accepter que la prise de risque soit associée à un filet de protection minimal. Aller plus loin, sur la question de l’assurance-chômage notamment, exige d’évoquer la question du financement. Nous ne pouvons donc pas faire l’économie d’un débat qui répond à une problématique politique de nature nouvelle. Elle est liée à l’évolution de la société. Aujourd’hui, les personnes souhaitent simultanément plus d’autonomie et plus de sécurité. La transformation de l’assurance-chômage a déjà commencé puisqu’une partie de son financement est désormais assurée par la CSG. L’étape suivante consistera à refondre la totalité des principes qui président à la transformation en cours.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins