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Les clés

Faut-il changer l’exercice du pouvoir en entreprise ?

Les clés | À lire | publié le : 27.09.2021 | Lydie Colders

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Faut-il changer l’exercice du pouvoir en entreprise ?

Crédit photo Lydie Colders

 

Dans Le Nouveau Contrat social , Christian Pierret et Philippe Latorre prônent une certaine moralisation du capitalisme post-crise, qui passerait par la démocratisation de la gouvernance des entreprises. Partager le pouvoir devient essentiel. Et ils militent pour étendre massivement l’actionnariat salarié.

Crise sanitaire, urgence climatique, tensions sur les inégalités sociales : le monde de l’entreprise est confronté à de nombreux défis. Si l’État paraît renforcé « dans son interventionnisme depuis la pandémie, ce sont pourtant les entreprises qui se sont trouvées au premier rang, pour assurer l’approvisionnement des magasins ou les transports ». Il s’agit d’une « novation historique » à saisir, car le changement du capitalisme pourrait bien commencer par elles, assurent Christian Pierret et Philippe Latorre. Dans leur essai, l’ancien ministre de l’Industrie et le fondateur d’un fonds d’investissement analysent longuement ces enjeux politiques. Et plaident pour un capitalisme plus « cohésif », financier « mais plus soutenable », concurrentiel « mais plus régulé », tourné vers la croissance mais « à moindre peine pour les hommes ». Pour eux, ces crises profondes pourraient être l’occasion de chercher « un compromis entre la République et l’entreprise, entre l’entreprise des actionnaires et celle des salariés, entre l’entreprise et la société ». Dans une vision sociale-démocrate proche de la CFDT, les auteurs invitent les patrons à être la figure de proue d’une gouvernance « où s’expriment les débats ». Qu’on le veuille ou non, « l’entreprise est un objet politique » et ne peut plus fonctionner « sans transformer son pouvoir ».

Des salariés « aux commandes »

Tout pousse d’ailleurs à changer les rapports de force, même si les auteurs sont assez réservés sur la loi Pacte ou l’entreprise à mission quant au partage de la valeur. En tout cas, « il serait désastreux de n’y voir qu’une politique marketing, et ce risque existe », disent-ils. Ils préfèrent largement l’actionnariat salarié pour partager le pouvoir : « Ce n’est pas perdre en compétitivité que de promouvoir les salariés en codécideurs, tout en les associant en matière de rémunérations aux succès de l’entreprise », argumentent-ils. Ce serait même un moyen « de redonner du sens au travail » en berne et de dynamiser la performance. Si le modèle fait peu d’émules en France, hormis quelques groupes du CAC 40, cela n’empêche pas Christian Pierret et Philippe Latorre de dresser une feuille de route un peu technique pour élargir l’actionnariat salarié dans les PME de 500 salariés, voire en dessous. Avec l’objectif, à terme, d’arriver « à un tiers » de managers associés au capital et ayant droit de vote, puisque « c’est la seule façon qu’ils pèsent dans la gouvernance ». Une vision très entrepreneuriale de l’avenir, même si le duo prend soin de préciser que le CSE doit être impliqué dans cette démarche.

Auteur

  • Lydie Colders