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Alternance : Dynamiser la mobilité européenne des apprentis

L’actualité | publié le : 20.09.2021 | Benjamin d’Alguerre

Près de 10 000 apprentis et alternants français devraient s’inscrire dans une mobilité européenne en 2022. Toutefois, de nombreux écueils subsistent.

Il y a encore du travail à faire avant que les alternants français parcourent l’Europe pour doper leur cursus, comme le font les étudiants. Néanmoins, la dynamique semble bien enclenchée. Si l’on excepte la séquence 2020-2021 où, Covid et fermeture des frontières obligent, la mobilité européenne des apprentis s’est forcément réduite, le nombre de jeunes effectuant une partie de leur cursus dans un centre de formation étranger est en nette progression. Selon les chiffres d’Erasmus +, le programme européen de mobilité des apprentis, ils étaient 6 900 à s’être engagés dans un tel parcours et la parenthèse pandémique n’a pas découragé les vocations, puisque le seuil de 10 000 devrait être atteint en 2022.

D’autant que les barrières tombent progressivement. En France, la loi « Avenir professionnel » de 2018 a permis d’aligner la protection sociale des apprentis sur celle des étudiants. En 2019, la mise en place de la certification Qaliopi pour les centres de formation (indispensable pour rendre ces derniers éligibles aux fonds de France Compétences) s’est accompagnée de l’obligation pour les CFA de nommer un « référent mobilité ». Et en 2021, la bourse Erasmus + a bénéficié d’un petit coup de pouce, passant de 800 à 1 080 euros par mois et a été ouverte aux compléments de financement par Pôle emploi.

Freins linguistiques

Pour autant, les portes de l’Europe ne sont pas encore grandes ouvertes aux apprentis français. « Beaucoup de freins subsistent : ils sont aussi juridiques que financiers, linguistiques ou même psychologiques », avertit Jean Arthuis, président d’Euro App Mobility, une association qui promeut la mobilité longue (trois à six mois) des alternants (et des stagiaires de la formation professionnelle). Pour l’heure, la moyenne des expériences à l’étranger pour un apprenti se limite à quelques semaines. Principal écueil identifié par l’ancien ministre de l’Économie et des Finances de Jacques Chirac, le contrat de travail des apprentis et la clause de suspension qui y figure, un dispositif né de la loi Pénicaud de 2018. « Cette clause ne permet pas à un employeur de maintenir la rémunération d’un alternant en mobilité au-delà d’un mois. C’est un souci, particulièrement dans les parcours d’alternance de l’enseignement supérieur. À l’heure actuelle, nous cherchons un outil législatif pour faire sauter cette clause dans une prochaine loi », indique-t-il.

Dans les réseaux de CFA, on essaie de développer la mobilité européenne malgré cette entrave juridique. En Nouvelle-Aquitaine, le réseau des CFA des chambres de métiers de l’artisanat (CMA) a développé ses propres formules. « Nous proposons des séjours de deux à trois semaines dans des entreprises ou des établissements de formation étrangers durant le cursus, mais aussi des parcours post-apprentissage plus longs, qui peuvent s’étendre sur trois à douze mois », détaille Aurélie Bost, référente mobilité pour ce réseau qui a, en près de six ans, déjà envoyé 500 apprentis (préparant des diplômes allant du CAP au bac pro) à l’étranger.

D’autres écueils demeurent : la langue, en premier lieu, qui pousse les CFA à mettre l’accent sur les cours d’anglais voire à proposer des séances d’initiation à d’autres langues. La structuration de l’apprentissage selon les pays pose également problème. « Il n’y a guère qu’en Allemagne ou en Autriche que l’on rencontre des systèmes proches du nôtre. En Espagne ou en Italie, ce que l’on nomme “apprentissage” serait plutôt l’équivalent de nos lycées professionnels », décrypte Aurélie Bost. Et surtout, la reconnaissance des acquis de l’apprentissage à l’étranger, sans laquelle il est encore difficile de créer de l’appétence pour ce mode de formation.

À Bruxelles, on planche déjà sur une déclinaison du programme de reconnaissance des diplômes universitaires européens ECTS (European Credits Transfer System) pour, dans un premier temps, les niveaux BTS. Mais pour l’heure, la priorité reste aux liens à tisser entre établissements de formation et entreprises européennes susceptibles de donner une nouvelle impulsion à la dynamique d’apprentissage transfrontalier. « Aujourd’hui, l’enjeu est de relancer les échanges », lance Laure Coudret-Laut, directrice générale d’Erasmus +. Faciliter la relation entre CFA, employeurs et apprentis, c’est l’objectif de la plateforme Internet « Pour une Europe des apprentis » dévoilée le 17 septembre à l’occasion des premiers États généraux de la mobilité européenne des apprentis, organisés à Paris.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre