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Billet

Pression sur les plateformes

Billet | publié le : 20.09.2021 | Lys Zohin

Les dirigeants des plateformes riaient hier en promettant de révolutionner l’économie, au point qu’un nouveau mot – « ubériser » – entrait dans notre vocabulaire. Ils pleurent aujourd’hui en déclarant qu’avec les contraintes imposées par la justice ou la loi, visant à protéger les forçats du bitume – livreurs de sushis ou chauffeurs de VTC –, leur business modèle ne survivra pas. Un business modèle fondé sur l’exploitation des travailleurs mais aussi sur le filet social fourni par l’État, puisque ces entreprises n’offrent aucune protection. Dépendre, même indirectement, de l’État peut-il être une stratégie durable pour une entreprise privée ? Certaines, de l’ancienne école, ont réussi, certes, et pendant des années. Ainsi, aux États-Unis, Walmart et McDonald’s payaient jusqu’à présent si peu leurs salariés que, selon l’étude d’un institut indépendant de novembre 2020, ces derniers étaient majoritaires parmi ceux qui faisaient le plus appel au filet social – santé gratuite et bons de nourriture, notamment, fournis par l’État fédéral. Des entreprises privées subventionnées par les contribuables, en somme… Mais les choses changent : Walmart et McDonald’s ont récemment augmenté les salaires. Et elles devront aussi changer pour les plateformes. En Europe comme ailleurs, l’étau se resserre. La Commission européenne a lancé des consultations auprès des partenaires sociaux sur ce thème, élargi à tous les travailleurs indépendants, en vue de prendre des mesures de protection. Et c’est, au-delà des plateformes, toute la notion de lien dans le travail et d’éthique qui devra être revisitée.

Auteur

  • Lys Zohin