logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

Fonction publique : plaidoyer pour sortir de la « logique libérale »

Les clés | À lire | publié le : 06.09.2021 | Lydie Colders

Image

Fonction publique : plaidoyer pour sortir de la « logique libérale »

Crédit photo Lydie Colders

Dans La Fonction publique au XXIe siècle, Anicet Le Pors et Gérard Aschieri passent en revue les dégâts du libéralisme sur les services publics, source de malaise pour les agents. Une critique posée sur l’emploi, à relire à l’aune de la Covid-19.

La crise sanitaire a montré le rôle indispensable des services publics : « C’est bien la capacité d’initiative des personnels soignants et des enseignants, tout comme notre système de protection sociale, qui a permis à la société de tenir face à la pandémie », rappellent Anicet Le Pors et Gérard Aschieri. Dans la nouvelle édition de leur livre, l’ancien ministre de la Fonction publique PCF sous François Mitterrand et l’ex-secrétaire général de la FSU appellent à redonner leurs lettres de noblesse aux six millions d’agents qui maintiennent « la cohésion sociale ». Et campent les défis à venir : ouverture vers les usagers, transformation numérique, collaboration entre entreprises privées et fonction publique… Pour comprendre le malaise actuel, ils reviennent concrètement sur trente ans de « logiques libérales » qui ont fragilisé les services publics – des années Chirac à Emmanuel Macron. La loi de transformation de la fonction publique de 2019 marque ainsi pour eux « une offensive » dangereuse sur le statut des fonctionnaires, en encourageant largement « le recours au contrat » et en introduisant, comme dans le privé, « plans de départ volontaires, ruptures conventionnelles et primes au mérite ». Il faudrait donc selon eux sortir de ce système, qui ne génère que « souffrance » et « repli dommageable des fonctionnaires ».

Redonner du pouvoir aux élus

Le livre aborde aussi la question des retraites et des rémunérations, déconstruisant ainsi la vision de fonctionnaires privilégiés. Côté dialogue social, Anicet le Pors et Gérard Aschieri déplorent la disparition des CHSCT prévue dans la loi de 2019, qui « affaiblit » le rôle des élus siégeant dans les commissions paritaires chargées des problèmes individuels de carrière. Désormais, ces dernières « ne sont plus compétentes pour les mutations ni pour les promotions des agents ». Ce qui revient à les laisser « dans une situation de dépendance vis-à-vis de leur hiérarchie ». Les auteurs ont aussi le mérite de pas nier certaines lacunes : si la fonction publique doit évoluer avec ses agents, elle ne brille pas en matière de gestion de carrière ou de mobilité ni d’insertion des jeunes peu diplômés dans les concours. Et malgré « les efforts » des pouvoirs publics, l’égalité professionnelle pour les femmes reste à la traîne. De fait, « 21,8 % des femmes sont à temps partiel dans la fonction publique », rappellent-ils, soit le double des hommes. Vaste chantier de gestion RH, qui passe par « renforcer le dialogue social et non l’inverse ». Et des moyens…

Auteur

  • Lydie Colders