Maud Stephan : Les dernières remontées de terrain nous indiquent au contraire que la négociation présentielle est à nouveau le mode de dialogue privilégié par les partenaires sociaux. Le mode « hybride » est généralement considéré comme complexe à gérer même s’il présente par ailleurs certains avantages en termes de réduction des temps de trajet ou des coûts de déplacement.
Elsa Martinez : La négociation 100 % distancielle n’était pas forcément vouée à durer. Avec le retour progressif des salariés sur leur lieu de travail, les partenaires sociaux tendent à revenir vers un modèle de négociation plus classique.
E. M. : Nous l’avons effectivement entendu lors de la réalisation de notre toute première étude sur la négociation en période de pandémie durant le premier confinement de mars-mai 2020. Pendant cette séquence, les organisations syndicales ont pu avoir l’impression que les employeurs étaient davantage dans la simple information des représentants du personnel plutôt que dans leur consultation et encore moins dans la négociation. Mais c’était plus une situation dictée par l’urgence de l’adaptation rapide aux effets de la pandémie qu’une conséquence de l’usage de la négociation distancielle.
M. S. : L’organisation du travail constitue l’un des gros sujets à l’agenda des partenaires sociaux dans les entreprises. Beaucoup de structures se sont dotées d’accords télétravail pendant la crise (avec une moyenne de deux jours télétravaillés par semaine), mais aujourd’hui, la demande est au sur-mesure, à la souplesse dans le choix des jours télétravaillés… et le sur-mesure, les partenaires sociaux habitués à la négociation pour le collectif ne savent pas faire ! Et derrière le télétravail, d’autres sujets vont remonter : la QVCT, la situation des aidants familiaux, l’organisation du dialogue social, le temps de travail, les forfaits-jours…