logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Attractivité : Le groupe texan Waste Management mise sur l’éducation

Sur le terrain | publié le : 30.08.2021 | Caroline Crosdale

Face à la concurrence pour recruter ses cols bleus, l’entreprise les attire en offrant des études gratuites – pour eux et leurs proches.

Le groupe texan Waste Management, spécialiste de la collecte de déchets et du recyclage, semble plutôt bien parti. En pleine pandémie, son chiffre d’affaires annuel a dépassé les 15 milliards de dollars (12,6 milliards d’euros) et son bénéfice net frôle les 1,5 milliard de dollars. Pourtant, Tamla Oates Forney, la responsable des ressources humaines, a des soucis. Le turnover, dans ce secteur, est élevé. Et elle a toujours besoin de recruter de nouveaux chauffeurs et techniciens. Or en cette période de sortie de Covid-19, la concurrence est rude. Certes, le taux de chômage vient de repasser sous les 6 %, ce qui reste un niveau élevé, en particulier aux États-Unis, et surtout, les demandeurs d’emploi ne se précipitent pas sur n’importe quel job. Walmart et Amazon, plus gros employeurs du pays, ont placé la barre assez haut. Chez Amazon, le salaire minimum horaire est par exemple à 15 dollars. Et de plus en plus d’entreprises proposent des bonus et des cadeaux à la signature du contrat. Tel ce McDonald de l’Illinois qui fait miroiter un iPhone gratuit si le salarié s’engage à rester au moins six mois ou le supermarché Ollie’s Bargain Outlet, qui offre un bonus de 2 000 dollars… Difficile de se distinguer dans ces conditions, surtout lorsqu’on opère dans les déchets…

« Votre avenir » avec Waste

Mais Tamla Oates Forney a trouvé la parade. Pour 36 000 salariés, elle a mis au point un programme : « Your Tomorrow » (Votre avenir). Les nouveaux venus se voient ainsi proposer non seulement des horaires souples et un bonus à la signature, mais en plus, ils peuvent se former gratuitement. Tous ceux qui passent au moins 30 heures par semaine dans l’entreprise y ont droit. En outre, dès le début de 2022, conjoints et enfants pourront eux aussi accéder à cette éducation sans frais. Jim Fish, le dirigeant de Waste Management, est persuadé d’avoir trouvé le meilleur moyen de garder plusieurs années ses chauffeurs. « Pour ceux qui ont des enfants au lycée, c’est vraiment important », a-t-il déclaré dans la presse américaine. Alors qu’une année d’études universitaires peut facilement coûter 21 000 dollars, il se dit qu’effectivement, certains parents resteront chez Waste Management au moins pendant les quatre années d’études que le groupe se propose de prendre en charge.

Pour ce faire, la direction de Waste Management s’est entendue avec Rachel Carlson, la directrice de Guild Education, qui a noué des accords avec plusieurs universités en ligne : eCornell, Pathstream, Paul Quinn College, Purdue University Global, Southern New Hampshire University et University of Arizona. Ces institutions peuvent aider à finir le lycée puis à aller beaucoup plus loin. Dans cette optique, la Guild Education a mis au point des cours de sciences, de mathématiques, de technologie, d’analyse des données, de transformation digitale – en tout, quelque 170 programmes. Et l’inscription est facilitée par le fait que les intéressés n’ont pas à avancer l’argent nécessaire pour démarrer leurs études, puisque Waste Management s’en occupe. « À 67 %, les salariés essentiels citent l’impossibilité de s’acquitter des frais d’études comme première raison pour ne pas les reprendre », souligne d’ailleurs Rachel Carlson.

Règles de sécurité

La direction de Waste Management, qui veut privilégier le bien-être de ses salariés, a visé juste. Mais sa générosité s’appuie aussi sur de solides justifications économiques. À chaque fois qu’un collaborateur s’en va, cela coûte au minimum 12 000 dollars à Waste Management pour le remplacer, sous forme de frais de recrutement et de formation pour les nouveaux venus. Pendant un minimum de 15 jours, les chauffeurs doivent en effet apprendre les règles de sécurité, la meilleure façon d’inspecter les véhicules, comment soulever les poubelles sans s’abîmer le dos… Les techniciens, de leur côté, doivent être au fait des dernières avancées en hydraulique, en électricité et en maintenance. Quand Tamla Oates Forney ouvre son dossier conducteurs, elle sait tout de suite que la moitié des accidents arrivent lorsqu’un nouveau chauffeur – qui a passé moins de trois ans dans l’entreprise – est au volant. En revanche, les plus expérimentés n’ont que très peu d’accidents.

D’où l’idée de garder les salariés le plus longtemps possible et en même temps, d’en attirer de nouveaux, venus d’horizons divers. Le programme « Your Tomorrow » coûte cher. La direction estime qu’elle devra dépenser 5 à 10 millions de dollars par an en formation. Mais elle se fera aussi connaître auprès des jeunes. Et elle espère ensuite recruter… les enfants de ses salariés !

Auteur

  • Caroline Crosdale