Face à la menace du gouvernement espagnol de légiférer pour protéger les travailleurs des plateformes, la société de livraison de nourriture, basée à Londres, a annoncé son intention de quitter le pays. « Un niveau d’investissement disproportionné serait nécessaire pour nous assurer une large part de marché alors que le potentiel reste incertain et met en péril la viabilité de l’entité », a indiqué Deliveroo. Un porte-parole a juré que la future législation n’avait pas eu « un effet déterminant » sur la décision de la plateforme, mais a quand même convenu qu’elle l’avait précipitée… En mars dernier, le gouvernement espagnol a en effet annoncé son intention de déposer un texte de loi visant à donner davantage de droits aux travailleurs des plateformes, après une décision de justice en ce sens. Selon le projet de loi, tout travailleur d’une plateforme sera considéré comme un salarié plutôt qu’un indépendant. Le texte obligera aussi les plateformes à informer les travailleurs de la façon dont les algorithmes affectent leurs conditions de travail, en calculant par exemple les moments d’attente des commandes, qui sont actuellement décomptés des heures de travail. Le retrait de Deliveroo du marché espagnol sera discuté à partir de septembre avec les salariés impactés et les services de livraison suspendus à partir d’octobre. L’Espagne ne représente que 2 % de l’ensemble des ventes de Deliveroo, qui est présent sur 12 marchés, dont l’Australie, la Belgique, la France, Hong Kong, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Irlande, ces deux derniers pays représentant la moitié du total de ses activités. Au Royaume-Uni, les travailleurs de Deliveroo sont toujours considérés comme des indépendants, la société ayant réussi en juin dernier à triompher en appel, alors que la Cour suprême britannique avait considéré auparavant que les travailleurs d’Uber devaient être traités comme des salariés.