La RATP, c’est bien plus que le métro parisien ! L’opérateur de transports publics, implanté dans 13 pays et sur quatre continents, exploite huit modes de transports et participe à l’aménagement de la ville de demain. « Nous mettons l’accent sur la qualité de ville », résume Marie-Claude Dupuis, directrice en charge de la stratégie, innovation et développement pour l’établissement public. Demain, la situation de la RATP va changer, en raison de l’ouverture à la concurrence en Île-de-France. Une ouverture qui a déjà commencé dans le domaine des bus en grande couronne. Pour le reste de ses activités, l’opérateur perdra son monopole le 31 décembre 2024 pour les bus, le 31 décembre 2029 pour les tramways et le 31 décembre 2039 pour les métros et les RER. En outre, les exploitants du futur métro du Grand Paris Express seront désignés par l’autorité régionale Île-de-France Mobilités après appel d’offres.

« Tout cela implique un changement énorme, notamment pour les 45 000 membres du personnel sous statut en Île-de-France, dont 15 000 chauffeurs de bus », indique Marie-Claude Dupuis. Et au-delà d’un changement de modèle économique, déjà en cours, l’établissement public sait qu’il va devoir rassurer ses 63 000 salariés sur leur avenir, mais aussi sur les valeurs qu’il porte. Et quoi de mieux que de les rassembler dans une raison d’être ?

Le personnel a déjà été chahuté par le projet de réforme des retraites, qui a d’ailleurs donné lieu à une grève dure à la RATP. « Avec ces évolutions, la direction des ressources humaines a vu un espace de dialogue sur le sujet de la raison d’être », précise Marie-Claude Dupuis. En 2019, la décision a été prise en comex d’initier une démarche en ce sens. Des ambassadeurs ont été choisis. Puis, treize ateliers, réunissant 200 personnes de toutes catégories de métiers, associées à un comité au niveau du comex, se sont tenus de mars à septembre 2020, alors qu’il fallait, en parallèle, assurer les transports, sur fond de pandémie et de gestion des gestes barrières. « Nous avons maintenu les ateliers, car le contexte, celui de la continuité du service public, était porteur », relève la directrice en charge de la stratégie, innovation et développement.

Les ateliers ont abouti à l’élaboration d’un questionnaire, en vue d’une large consultation des collaborateurs. Au total, sept préconsultations internes ont eu lieu et les informations recueillies ont été croisées avec des données venues d’acteurs extérieurs, dont des associations de consommateurs, et des avis d’un comité de parties prenantes. Enfin, de la mi-septembre à la mi-octobre 2020, environ 50 000 personnes ont été sollicitées via une plateforme. Quelque 7 000 ont répondu au questionnaire qui comprenait quatre questions fermées et cinq questions ouvertes. Elles ont soumis près de 140 000 contributions. Des consultants extérieurs – Balthazar, un cabinet d’experts en stratégie de transformation, et Bluenove, une entreprise spécialisée dans l’intelligence collective massive, ont interprété les réponses via une analyse lexicologique.

« Huit fondamentaux sont ressortis, parmi lesquels la notion de service public, l’histoire du groupe, mais aussi l’innovation et les valeurs humaines, et surtout, le concept de qualité de la ville », détaille Marie-Claude Dupuis. La raison d’être a donc été formulée pour embrasser ces éléments. Assez longue, elle n’a rien d’un slogan publicitaire, puisqu’elle déclare : « Fort d’une expérience centenaire et d’un savoir-faire unique, le groupe RATP s’engage chaque jour pour une meilleure qualité de ville. Partenaire de confiance des villes de demain, en France et partout dans le monde, nous proposons des services performants et innovants de mobilité et d’aménagement urbains qui favorisent le développement de villes plus durables, inclusives et agréables à vivre. C’est là notre rôle au service de l’intérêt général. C’est notre raison d’être. »

Outre cette définition, la RATP a adopté six principes d’action pour décliner sa raison d’être au quotidien. Ce qui passe aussi bien par la RSE que par la culture managériale. L’impact se fait sentir sur le terrain des ressources humaines. « Les représentants du personnel ont suivi l’ensemble du processus. Ils ont vu que nous n’avons pas triché sur la synthèse des contributions et considèrent que la démarche est sincère. C’est le meilleur des compliments, ajoute Marie-Claude Dupuis. Et ce n’est que le début de notre nouvelle histoire. »