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Le fait de la semaine

Fin de convalescence pour les stages d’été ?

Le fait de la semaine | publié le : 05.07.2021 | Gilmar Sequeira Martins

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Insertion professionnelle : Fin de convalescence pour les stages d’été ?

Crédit photo Gilmar Sequeira Martins

La crise sanitaire n’a pas épargné les stages en entreprise. Moins nombreux du fait de la conjoncture et de l’adoption à grande échelle du télétravail, ils bénéficient cependant du retour de l’activité vers un niveau quasi habituel.

Y aura-t-il assez de stages d’été ? Rien n’est moins sûr selon les organisations étudiantes, encore très inquiètes des séquelles des confinements successifs sur la capacité du tissu socio-économique à accueillir les dizaines de milliers de stagiaires. « Les stages sont toujours aussi difficiles à trouver, tout comme les jobs d’été, indique Maryam Pougetoux, vice-présidente du syndicat étudiant Unef. Avec la crise sanitaire, beaucoup d’étudiants se voient privés de stages. Certaines filières sont particulièrement touchées comme la psychologie, dont les étudiants ont de très grandes difficultés à trouver des stages et cela risque de perdurer du fait de la crise sanitaire. » Du côté de la Fage, la situation est jugée aussi critique. Yann Carcel, vice-président de ce syndicat étudiant, rappelle que certaines conditions doivent être remplies pour qu’un stage soit utile : « Un stage exige de construire un projet et d’avoir un encadrement. Or la crise a réduit le nombre de personnes dans les entreprises capables de remplir ce rôle. »

Le développement du télétravail ne facilite guère les choses. « Il réduit la capacité d’accueil des stagiaires qui ont besoin d’être encadrés et accompagnés afin d’évoluer au fil du stage, note le dirigeant de la Fage. En télétravail, c’est beaucoup plus difficile. » Les difficultés économiques risquent aussi de détourner nombre d’étudiants de cette formule. « Beaucoup d’étudiants en situation précaire vont préférer faire des jobs d’été du fait de leurs besoins financiers plutôt qu’un stage moins rémunérateur, pointe Yann Carcel. Ces deux problématiques cumulées compliquent la situation. » Seule petite différence par rapport à l’été 2020 : l’existence de dispositifs d’accompagnement comme le dispositif 1 jeune 1 solution ou les dispositifs de tutorat et de mentorat qui permettent de trouver plus facilement un stage. Les étudiants devraient par ailleurs pouvoir valider des stages effectués jusqu’à la fin de l’année dans leur cursus universitaire 2020-2021.

Le retour à la normale ?

En dépit des difficultés majeures dont témoignent les étudiants, certains secteurs économiques ont reconstitué leur demande de stagiaires d’été, à l’instar de la grande distribution. Le groupe Fnac-Darty annonce ainsi vouloir accueillir autant de stagiaires qu’en 2019, dernière année avant la crise sanitaire. Le groupe a institué deux types de stages : ceux des étudiants de première année de grandes écoles, qui se déroulent essentiellement dans les magasins, et ceux d’étudiants de M1 ou M2, qui se déroulent au siège. Les stages d’été sont cependant réalisés essentiellement par la première catégorie. « Ils rejoignent nos magasins pour une durée de quatre à six semaines généralement, explique Tiffany Foucault, directrice des ressources humaines du groupe Fnac-Darty. Les stagiaires sont affectés à la vente et ou au pôle services principalement. » Ils peuvent se retrouver en charge de la réception du SAV, ou bien de l’accompagnement des clients apportant des appareils défectueux. Ils peuvent aussi remplir le rôle de « welcomer » chargé d’orienter les clients à leur arrivée dans le magasin. Toutes ces fonctions ont pour point commun d’être centrées sur la relation avec le client et la vente. « Durant leur stage, ces stagiaires sont accompagnés par un maître de stage ou un tuteur qui leur attribue des missions, leur explique le fonctionnement du magasin et établit un bilan à la fin du stage », précise Tiffany Foucault.

Comme avant la crise sanitaire, ces stages restent un vivier de futurs candidats, d’où l’intérêt qu’ils suscitent parmi les DRH, rappelle Audrey Richard, présidente de l’ANDRH : « Les DRH portent une attention particulière aux stages d’été pour les jeunes. Ce sont des opportunités pour ceux qui ont de faibles qualifications et ce sont des opportunités pour les aider. Les stages d’été permettent aussi de mieux connaître les personnes. Et c’est aussi un moyen de constituer un vivier de candidats pour des besoins ultérieurs. »

Un cas de figure dont le groupe Fnac-Darty est coutumier. « Après ces stages, certains étudiants reviennent pour des missions d’intérim ou des CDD, notamment pour renforcer les équipes en fin d’année, explique Tiffany Foucault. C’est l’opportunité d’occuper vraiment un poste et d’amorcer une intégration au sein du Groupe. » Elle relève que des stagiaires qui ont travaillé dans la vente intègrent l’enseigne pour devenir vendeur ou chef des ventes par la suite, soulignant l’intérêt de son entreprise vis-à-vis de ces publics jeunes : « En 2020, 49,5 % des embauches en CDI ont été conclues avec des jeunes de moins de 26 ans. »

La banque friande de stagiaires

Le secteur bancaire aussi semble avoir repris son rythme de croisière. Le Crédit mutuel se distingue par une politique globale de stages qui accompagne des cohortes de jeunes à différents âges. Il accueille ainsi les élèves de troisième pour des stages de découverte ou d’initiation, puis des étudiants pour des stages d’été d’une durée moyenne d’un mois, enfin lors de stages opérationnels au fil de leur cursus. « Les stages d’été sont un mode de découverte de nos métiers, explique Reynald Chapuis, directeur des ressources humaines en charge de la transformation digitale. Le contexte récent et les difficultés que rencontrent les jeunes à entrer sur le marché de l’emploi nous incitent à faire davantage encore pour soutenir leur insertion professionnelle. » Durant l’été, les stagiaires peuvent occuper des fonctions au sein des deux réseaux, Crédit mutuel et CIC, mais aussi parfois au sein des services supports. « C’est pour eux le moyen de découvrir les métiers de la bancassurance, qui sont avant tout des métiers de relation et de contact client, et de toute la dimension humaine liée dont ils n’ont pas forcément idée », précise Reynald Chapuis.

Pour Valérie Missillier, secrétaire de la FSBPA CGT, la crise sanitaire n’a pas vraiment impacté l’accueil des stagiaires d’été dans le secteur : « Les stages d’été n’ont jamais vraiment cessé puisque les banques sont restées ouvertes durant la crise sanitaire. Les stagiaires étaient d’autant plus indispensables, et le sont encore aujourd’hui, car nous travaillons à flux tendu. Pour que les salariés puissent prendre leurs congés et éviter de fermer les agences, il faut qu’il y ait des stagiaires. »

En dépit de ces embellies notables, l’horizon n’est pas encore totalement dégagé. « Les effets de la crise sanitaire ne vont se dissiper que l’année prochaine, estime Maryam Pougetoux, de l’Unef. Par rapport à l’été 2020, nous commençons à voir « le bout du tunnel », mais l’Université vient de vivre quasiment deux ans de crise sanitaire et son impact dépassera l’été 2021. » Encore un été difficile pour les étudiants, mais sans doute le dernier.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins