Réunis récemment à l’occasion d’une conférence annuelle sur l’avenir de l’industrie, à Berlin, les poids lourds du secteur, qui ont adopté le slogan « Choisir la nouveauté », ont fait état de leurs difficultés à trouver des salariés qualifiés. Il en manque actuellement quelque 270 000, selon les estimations : des artisans, des ouvriers dans la métallurgie et la construction, des spécialistes de la santé, des ingénieurs, des cuisiniers… Depuis des années, de nombreux secteurs de l’économie allemande s’appuient sur une main-d’œuvre immigrante qualifiée pour pourvoir ces postes.

Toutefois, les arrivées n’ont cessé de diminuer. Au point qu’en 2019, le gouvernement a proposé un projet de loi visant à rendre plus facile l’entrée de ces travailleurs en Allemagne. La loi sur l’immigration qualifiée, qui, pour encourager l’arrivée de migrants de ce profil, couvrait des qualifications plus larges, des formations en apprentissage, par exemple, et non plus seulement des diplômes universitaires, de même qu’elle simplifiait les demandes de visas et les procédures administratives, est entrée en vigueur en mars 2020 – juste au moment du premier confinement. À cette époque, environ 30 % des entreprises allemandes souffraient d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Si l’initiative du gouvernement a quelque peu rétabli l’équilibre entre l’offre et la demande, l’écart s’est de nouveau creusé avec les restrictions dues à la pandémie. Selon le baromètre de KfW-ifo, portant sur le Mittelstand (les PME et ETI allemandes), 23,7 % des entreprises faisaient état de manque de main-d’œuvre qualifiée en avril 2021. « À la fin de cette année, lorsque l’activité économique aura retrouvé son niveau d’avant crise, cette situation devrait être encore plus grave qu’avant la pandémie », a estimé le rapport. De quoi freiner la reprise allemande…