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Les clés

Une stratégie d’entreprise inspirée… de la permaculture

Les clés | À lire | publié le : 28.06.2021 | Lydie Colders

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Une stratégie d’entreprise inspirée… de la permaculture

Crédit photo Lydie Colders

Dans La Permaentreprise, Sylvain Breuzard, PDG de Norsys, décrypte son modèle de société à mission orientée vers le bien-être durable des ressources humaines et environnementales. Un appel « à changer de vision » face aux enjeux climatiques et aux inégalités, plus ou moins convaincant.

Capitalisme détruisant la planète et creusant les inégalités, « notre mode de développement n’est plus viable » : les dirigeants « doivent regarder la situation en face », loin des tentatives de « verdissement » du néolibéralisme, juge Sylvain Breuzard. Dans son livre concret, le patron de la SSII Norsys (et membre de Greenpeace), plaide pour un changement de cap : une croissance « modérée », axée sur « la régénération des ressources naturelles et humaines ». Si le statut de société à mission est controversé, ce choix lui paraît plus prometteur que la RSE ou la raison d’être trop cosmétique. Avec ce statut au moins, « les objectifs sociaux et environnementaux sont évalués par un organisme externe et publiés ». Ce patron y voit même un socle pour « passer en mode permaentreprise ». Un modèle qu’il teste dans sa société, basé sur trois idées : « prendre soin des humains », « préserver la planète » et « se fixer des limites et partager équitablement ».

Sobriété et ressourcement

À partir de ces piliers, il en déroule la méthode de A à Z, des principes aux objectifs possibles. Côté climat, via des expérimentations « à petite échelle », l’entreprise doit apprendre à être « économe » dans les émissions carbone, à miser sur des énergies renouvelables ou les zéro déchets, intégrant ses choix de fabrication. Une vision circulaire qui fait encore défaut. Versant RH, Sylvain Breuzard prône un « usage des ressources humaines régénérateur », physique et mental. La qualité de vie devient centrale, et ce patron cite des leviers classiques : télétravail plus ample, dialogue social et gros effort de formation « pour préserver l’employabilité » (il suggère 70 % de salariés sur trois ans). Et fini les 12 ou 20 jours de RTT non prises, « le temps libre » n’est plus accessoire.

Projets définis par les salariés

L’auteur reprend l’idée d’une gouvernance élargie aux parties prenantes, surtout aux salariés. Avec des projets « perma » définis par ces derniers, associant fournisseurs ou clients… « L’exercice est difficile », reconnaît Sylvain Breuzard, mais filant l’analogie avec la permaculture, il défend l’importance de faire « circuler des idées » neuves. Pour lui, même dans les labels avancés (B-Corp), la consultation reste « trop bilatérale », les indicateurs cloisonnés empêchent « une démarche globale ». Certes. Mais sa méthode, illustrée de rares exemples (étudier des solutions de télétravail avec les salariés et les clients, associer les fournisseurs en matière d’écoconception) laisse rêveur. Car elle sollicite beaucoup les salariés… Le propos convainc plus sur le partage des richesses. Le PDG de Norsys prône une répartition égale des profits entre actionnaires et salariés, et la société civile, sous « forme d’impôt ou de don ». En outre, « le salaire des dirigeants ne doit pas dépasser plus de cinq fois le salaire médian de l’entreprise ». Une certaine éthique sociale…

Auteur

  • Lydie Colders