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Formation : La Cour des comptes invite l’État à redimensionner le PIC

L’actualité | publié le : 21.06.2021 | Benjamin d’Alguerre

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Formation : La Cour des comptes invite l’État à redimensionner le PIC

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Bien… mais peut mieux faire ! C’est en substance le message adressé par la Cour des comptes au ministère du Travail après l’analyse des effets du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) déployé depuis 2017.

Budgété à 15 milliards d’euros sur cinq ans, le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) a été présenté lors de son lancement dans les premières semaines du quinquennat Macron comme une arme anti-chômage ciblée vers les publics les plus éloignés de l’emploi. Un million de chômeurs de longue durée et autant de jeunes devaient être formés à des métiers d’avenir ou liés à la transition énergétique ou environnementale. Successeur des différents plans de formation massifs mis en place dans les dernières années du mandat de François Hollande, le PIC devait corriger le tir en ciblant davantage les populations concernées, susciter des formations innovantes, mettre en place des outils d’évaluation précis et décliner ses ambitions grâce à des pactes régionaux, afin que l’offre de formation soit en adéquation avec la demande. Il devait également lancer ou intensifier les actions nationales d’accompagnement dans l’emploi des publics fragiles et de soutien aux enjeux de transformation des métiers.

L’innovation au rendez-vous

Résultats ? Mission en partie accomplie, selon les sages de la rue Cambon. Les enseignements des précédents plans ont été tirés et corrigés. L’innovation formative est au rendez-vous. Les retours des demandeurs d’emploi sur la qualité des formations suivies sont largement positifs. La méthode de recueil des données en vue d’une future évaluation est saluée. De même que la qualité de l’identification des populations cibles, notamment à travers le dispositif de « prépa compétences », et de leur accompagnement lors de leur parcours de formation. « La Cour souligne la prise en compte de la qualité des formations dont témoignent notamment le guide des achats de formation de qualité réalisé à la demande du ministère chargé du travail ou les travaux conduits par la Dares en matière d’insertion dans l’emploi après formation, ainsi que l’analyse sectorielle des programmes de formation des régions. Autre point fort, l’articulation a été améliorée entre le compte personnel de formation et les achats collectifs de formations. Le PIC tend ainsi à privilégier les formations longues pour les publics en difficulté, le compte personnel de formation étant surtout orienté vers des formations courtes. Enfin, est à mentionner le soutien à l’expérimentation et à l’émergence de modalités pédagogiques innovantes ». Satisfecit, donc.

En concurrence avec d’autres programmes

Reste que la Cour des comptes a également relevé les faiblesses du plan d’investissement qui empiète parfois sur d’autres dispositifs de droit commun à destination de ses publics cibles (jeunes et demandeurs d’emploi), entre en concurrence avec d’autres programmes (Hope de l’Afpa, Epide, dispositifs de l’insertion par l’activité économique, Pacea ou Garantie Jeunes à la main des missions locales, CDD Tremplin, projets estampillés Grande école du numérique…) ou finance des actions à destination de publics qui ne sont pas les siens (réfugiés, démarches GPEC…). Le recours du PIC aux fonds de concours de France Compétences – destinés à financer des dispositifs pérennes et non des opérations ponctuelles – est également tancé par les Sages. Se pose également la question de la place du PIC dans le Plan de relance puisque là encore, les dispositifs se chevauchent, qu’il s’agisse du financement des 100 000 formations supplémentaires programmées en juin 2020 par Jean Castex, de la prépa apprentissage ou de l’accompagnement intensif des jeunes (AIJ). Et le lancement du programme d’investissement PIA4 en 2021, destiné à financer des actions de formation dans les secteurs stratégiques, sur lequel le PIC est également mis à contribution, est aussi susceptible de créer de la confusion. « Ces diverses mesures posent la question de la cohérence entre les modalités de pilotage, de financement et de gestion des moyens nouveaux dégagés dans le cadre du Plan de relance avec l’action de l’État de droit commun en matière d’emploi et de formation professionnelle. Une articulation tant en matière de finalité des dispositifs, de place et de rôle des acteurs que de modalités de financement paraît particulièrement nécessaire », note la Cour. Bref, l’État est sérieusement encouragé à redimensionner le PIC.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre