Des logiciels espions qui émettent automatiquement des « rapports d’efficacité » et renseignent la hiérarchie si un salarié adopte un « comportement douteux », en consultant des sites d’annonces d’emplois par exemple. Des applications qui imposent, pour se connecter au système informatique central de l’entreprise, de télécharger une photo de là où l’on se trouve, en particulier si l’on est commercial, pour prouver que l’on est bien là où l’on doit être. Des portes d’entrée des bureaux ou de salles de réunion qui ne s’ouvrent que si le salarié est souriant, afin de s’assurer que l’on travaille bien dans la joie… La protection des données privées étant étrangère à la culture locale, les entreprises chinoises surveillent leurs salariés en toute impunité. Au point que certains experts s’inquiètent de cette situation, la technologie, qui promettait un meilleur confort de vie en éliminant des tâches répétitives, ne servant en fait qu’à mettre davantage de pression sur les salariés pour en tirer plus de productivité. D’autres comparent même ce phénomène à celui qu’ont connu les ouvriers au début de l’ère industrielle, lorsqu’ils couraient toujours après la machine… Cette surveillance de tous les instants est particulièrement répandue dans la tech chinoise. Non seulement parce que les entreprises ont tous les outils nécessaires – elles les développent souvent elles-mêmes pour leurs clients –, mais aussi parce que la concurrence et la guerre des prix sont telles dans le secteur qu’il faut absolument accroître, par tous les moyens, la productivité des salariés. Et après tout, soulignent certains, les petits génies de la tech sont mieux payés que le reste de la population, alors ils peuvent bien accepter cette pression en contrepartie… Pourtant, si la tech continue d’attirer de jeunes talents, elle commence à en rebuter certains, qui décrochent, voire se suicident ou meurent sous la pression. Plusieurs cas de suicides ou de burn-out menant à des décès ont été largement commentés sur les réseaux sociaux ces derniers mois.