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RH : le métier, la mission et la responsabilité

Chroniques | publié le : 21.06.2021 |

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RH : le métier, la mission et la responsabilité

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Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Nous commençons à pressentir la fin de cette crise, au moins en France. Chaque entreprise, quelle que soit sa taille ou son activité, l’a vécu à sa manière et il est difficile de tirer des enseignements communs à tous. Néanmoins, s’il est une conséquence partagée qui peut être relevée, c’est le renouveau de la place de l’humain dans les organisations. Petites ou grandes, nationales ou internationales, les entreprises ont du parfois réviser, enrichir ou adapter leur « mission RH ». Il faut se souvenir de l’annonce du premier confinement qui provoqua partout une adaptation du travail avec le double objectif de le maintenir en protégeant les salariés. Cette agilité parfois surprenante pour les organisations elles-mêmes qui ne s’en soupçonnaient pas capables a d’abord reposé sur la vitesse de décision et sur la célérité d’adaptation des femmes et des hommes. Ce sont les RH qui ont défini, proposé et mis en œuvre, créant d’ailleurs un lien avec la direction générale que beaucoup regrettaient de ne pas avoir et que d’autres se félicitaient d’avoir établi.

Le métier RH s’est révélé au cœur de la mission de l’entreprise dans un moment inédit où tous les repères du monde du travail et même de la vie en société ont implosé au même moment.

Car ne nous y trompons pas, les RH ont démontré que leur mission reposait d’abord sur la maîtrise d’un métier protéiforme puisqu’il a fallu mettre en œuvre concurremment des compétences juridiques, organisationnelles, psychologiques, sociales, managériales et surtout faire preuve d’innovation et de détermination pour réaliser en 48 heures ce qu’on met parfois des mois à faire : réorganiser.

Les différentes phases de cette crise ont aussi conduit à une gestion prévisionnelle de situations imprévisibles et au gré des confinements, des protocoles et des injonctions parfois contradictoires, il a été nécessaire de plus en plus de se référer à une question finalement centrale de la mission RH : quelle est la responsabilité que nous devons aux équipes, tant individuellement que collectivement ?

En effet, à l’heure d’un premier bilan il reste de cette crise une véritable révolution de la responsabilité de l’employeur vis-à-vis de ses salariés comme de celle du manager vis-à-vis de ses équipes. C’est sans doute là le grand acquis de cette crise qui a démontré à celles et ceux qui avaient pu l’oublier ou parfois le négliger : ce sont les femmes et les hommes qui font la réalité et l’existence de l’entreprise. Quand ils ne sont plus là, l’entreprise existe moins bien et sa culture profonde peut se déliter. Ce n’est pas que le travail, le résultat ou la performance qui fondent l’entreprise, c’est la présence, l’interaction, la collaboration, l’engagement partagé. Les RH ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisqu’après une sorte d’engouement général (et excessif) pour le télétravail est apparue une réserve, une nécessité de le promouvoir au profit de l’individu avec pour limite l’intérêt collectif.

Trouver ce juste équilibre entre l’individuel et le collectif est un enjeu de responsabilité collective désormais central de la fonction RH et cela dans tous les domaines : la compétence, l’organisation, le développement, le management, la motivation, la reconnaissance. Nous savons que les aspirations des salariés ont été impactées par cette crise avec un souhait de plus de liberté dans le travail, plus de confiance dans le management, plus d’autonomie dans la fonction : finalement une reconnaissance plus forte de ce qu’ils sont et non pas uniquement de ce qu’ils font. Au-delà des débats sur le lieu de travail ou son rythme hybride, cet enjeu sera au cœur de la mission RH, car c’est cette approche humaine du fonctionnement collectif qui permettra de renforcer ou de faire évoluer la culture.

La culture d’une organisation est son atout principal, car elle est la source de l’engagement, de la fidélisation et de la reconnaissance interne comme externe (imparfaitement résumée en « marque employeur »). Ce sont les femmes et les hommes qui créent, font vivre ou évoluer la culture d’entreprise qui ne peut se résumer à sa raison d’être ou à ses engagements sociétaux aussi importants soient-ils. La responsabilité de la mission RH est de garantir le maintien et le renforcement de la culture commune qui reposent sur la manière dont les personnes travaillent, produisent et interagissent ensemble. Au moment où le lieu comme le temps de travail sont interrogés, seule la force du collectif humain de l’entreprise détermine sa réalité et sa pérennité : c’est le cœur de la mission et du métier RH !