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Recrutement : Oddity VR désinhibe les candidats pour les révéler

Sur le terrain | publié le : 14.06.2021 | Pascale Braun

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Recrutement : Oddity VR désinhibe les candidats pour les révéler

Crédit photo Pascale Braun

Mise au point par un cabinet de recrutement, un psychanalyste et un studio de réalité virtuelle, cette application RH révèle le savoir-être des candidats grâce à des jeux immersifs.

Pour convaincre un collaborateur de franchir un obstacle dangereux, lui promettrez-vous de l’argent, le menacerez-vous ou lui tendrez-vous la main ? Spécialisé dans le recrutement de cadres, de directeurs généraux, de membres de comités de direction et d’experts métiers, le cabinet Walter, implanté à Metz depuis 33 ans, a soumis une série de dilemmes de ce type à ses dix recruteurs, à leur entourage, puis à ses clients les plus proches. Depuis 2019, une centaine de personnes ont répondu à ces interrogations présentées sous forme de jeux en réalité virtuelle. Ludiques et immersifs, ces modules déjouent la réflexion et la réserve des candidats qui se savent scrutés. Initialement développée pour les besoins internes du cabinet Walter par le studio nancéien Human games, spécialiste de la réalité virtuelle appliquée aux RH, avec l’appui d’un psychanalyste, l’application a débouché sur la création d’une start-up. Oddity VR, basée à Nancy, vise à présent un large prisme RH, du recrutement au repositionnement professionnel en passant par l’organisation du télétravail.

« À l’heure du recrutement, les entreprises se réfèrent principalement aux compétences parce qu’elles savent les mesurer. Or, lorsque l’on se sépare, c’est toujours pour des questions de savoir-être », rappelle Yannick Wellenreiter, un ancien directeur industriel arrivé en 2013 à la tête du cabinet Walter. Le dirigeant a trouvé trop large la palette d’outils RH qui, du test graphologique à l’inventaire de personnalité au travail, tentent de cerner les « soft skills ». Le cabinet s’est donc doté de sa propre méthode d’évaluation de la curiosité, de la loyauté, de la résistance au stress, du leadership ou de la créativité. Oddity VR décrypte au total 15 compétences comportementales en faisant évoluer le candidat dans des décors diversifiés et réalistes. La réalité virtuelle y démontre son emprise : même des « cobayes » ayant testé plusieurs fois un jeu se situant sur une passerelle évitent de faire un pas de côté, alors même qu’ils connaissent parfaitement la salle dans laquelle ils se trouvent.

Tester les soft skills

Le cabinet Walter cible dans un premier temps les DRH de sa propre clientèle pour élargir l’usage d’Oddity VR au-delà du seul recrutement de cadres dirigeants. L’analyse des « soft skills » peut aider à pourvoir des postes de premier niveau ou d’intérimaires. Toutes les qualités humaines sont importantes, mais certaines sont plus déterminantes que d’autres. Dans la grande distribution, l’intégrité, la loyauté et le sens du service seront particulièrement appréciables. En front office, un employé de banque devra savoir gérer la relation humaine, manifester son sens de la discussion et prouver sa résistance au stress. En revanche, on n’attend pas d’un conducteur de travaux de l’industrie nucléaire une créativité débridée.

Oddity VR intéresse également les RH dans les phases d’évolution de carrière. « Il arrive qu’un candidat ait la légitimité technique de progresser, mais qu’il manque de capacité managériale. Or, en cas d’échec, on ne revient pas en arrière. Non seulement le salarié sera déçu, mais sa mésaventure risque de dissuader ses collègues de tenter une évolution de poste », prévient Yannick Wellenreiter.

Oddity VR propose donc aux entreprises, soit des services ponctuels à l’occasion d’un recrutement, d’un lancement de projets ou d’une réorganisation, soit une licence assortie d’une formation des DRH pour une utilisation illimitée. « Les grands groupes sont de plus en plus désireux de tester les soft skills, car ils ont pris conscience qu’il vaut mieux recruter sur ces bases que sur celles de compétences techniques, qui se périment de plus en plus vite », note Denis Deguilhen, gérant de l’antenne nancéienne du cabinet Walter et président d’Oddity VR.

La mise en œuvre de l’application nécessite un matériel adapté (casques, ordinateurs, écrans, manettes) tenant dans une grosse valise et un périmètre d’au moins 10 mètres carrés dans lequel le joueur pourra évoluer. L’entreprise écarte toute option de test en ligne, qui ferait perdre à l’application son caractère immersif. Une nouvelle option dédiée au télétravail permet à la fois de tester l’aptitude des salariés à travailler chez eux et celle du manager à interagir avec ses équipes à distance. Oddity VR assure avoir déjà conquis une demi-douzaine de clients, qui voient dans la réalité virtuelle une manière de rajeunir leur image.

Auteur

  • Pascale Braun