Et si le management n’était qu’une histoire, une influence piégeante ? « La stupidité fonctionnelle » des organisations est souvent critiquée (la fameuse « gouvernance par les nombres »), mais ne suffit pas à repenser son rôle face aux transformations technologiques et écologiques, estime le philosophe Ghislain Deslandes. Dans ce recueil stimulant de ses chroniques publiées sur la chaîne du cabinet Xerfi, cet enseignant à l’ESCP ouvre une fenêtre de philosophie, à partir d’une foule d’essais critiques très remarqués ces dernières années. Ceux de Barbara Stiegler, d’Alain Deneau ou des sociologues Antonio Cassili et Eva Illouz notamment. Au travers de leurs idées, l’auteur donne à réfléchir sur l’idée du leadership, l’évolution du monde (la pensée écologique, « le dataïsme » et l’humain) et la quête de sens au travail. Et attention, ça secoue : le talent est-il indispensable ? Le leadership relève-t-il d’une vaste hypocrisie ? Faut-il désapprendre et occulter l’automatisation ? L’aspiration à se réaliser est-elle instrumentalisée ? L’innovation ne relève-t-elle pas d’une idéologie ? Dans ce livre foisonnant, le philosophe questionne en creux la liberté, la déshumanisation face à la montée du numérique, le mimétisme managérial abrutissant. Un bol d’air érudit, qui pourrait se résumer ainsi : les cadres dirigeants ne peuvent plus se contenter « de coder le monde ».