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Tarnaise des panneaux : Sortir du schéma addiction-inaptitude-licenciement

Le point sur | publié le : 14.06.2021 | L. T.

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Tarnaise des panneaux : Sortir du schéma addiction-inaptitude-licenciement

Crédit photo L. T.

Les addictions diffèrent selon les générations au sein de la Tarnaise des panneaux, et l’entreprise communique auprès des équipes afin de prévenir les accidents et d’améliorer la santé au travail.

Entreprise spécialisée dans la fabrication de panneaux en fibre de bois destinés à l’ameublement, la construction et l’industrie automobile, la Tarnaise des panneaux fait partie de l’expérimentation en Occitanie. Pour son responsable HSQE, Anthony Lhermine, le programme permet de se sentir « moins seul » et d’imaginer des actions de prévention.

« Nous avons un problème d’addictions. C’est historique chez nous, l’alcool est présent en fin de journée, pour l’apéritif par exemple. Or on ne veut plus que ces pratiques aient lieu. Avec le renouvellement du personnel, les usages sont différents (le groupe compte 122 salariés, dont beaucoup de 50-55 ans, ndlr). On voit davantage de cannabis, mais aussi d’addictions aux écrans, au téléphone portable, et au travail avec des réponses à des mails à 23 heures. Notre règlement intérieur et notre livret d’accueil sont solides, mais en interne nous rencontrons un problème de communication : les managers ne sont pas formés pour faire de la prévention, et les collaborateurs ne veulent pas en entendre parler. »

Un enjeu de QVT et de sécurité

Participer à l’expérimentation a permis à l’entreprise de faire comprendre à tous qu’il y a des addictions qui ne sont pas liées au travail seulement ou à la vie privée seulement, mais à des raisons cumulées, qui peuvent faire basculer dans des addictions lourdes. « J’étais dans un rôle de prévention, poursuit Anthony Lhermine. Je suis désormais engagé dans une réflexion plus globale sur l’amélioration des conditions de travail. Le groupe m’aide à me sentir moins seul : on s’enrichit mutuellement, on voit ce que d’autres essaient et ce qui fonctionne dans leur société, ou pas. »

Le responsable HSQE de la Tarnaise des panneaux affiche la volonté de sortir du schéma classique qui répond à la découverte d’une addiction par une déclaration d’inaptitude puis un licenciement du salarié concerné. « La difficulté est de faire comprendre notre démarche à ceux qui ont tendance à couvrir un collègue, à faire tous les jours son travail, puis à se lasser, ce qui peut le faire basculer dans un isolement profond quand le travail est le dernier lien social. » L’entreprise fait appel à une société spécialisée dans la communication pour délivrer correctement le message de prévention, et non de correction. « On ne va pas faire des addictions le centre du message, mais évoquer la QVT au sens large, avec le médecin du travail afin de montrer, également, que son rôle n’est pas seulement de formuler des avis d’aptitude ou d’inaptitude. Aujourd’hui, il reste une forme de méfiance, mais la prise de conscience commence. »

Dans cette entreprise, les enjeux sont énormes. Au-delà de la qualité de vie au travail, il en va également de la sécurité au travail pour des salariés qui travaillent en 5x8 et conduisent des engins à plus de 6 000 tonnes de pression de poussée. « On ne peut pas faire d’erreur, or les addictions peuvent mener à perdre en lucidité », rappelle Anthony Lhermine.

Auteur

  • L. T.